dimanche 6 mars 2016

FEUER GRATIS ! - TAGTRAUM

(1998)


  Depuis août 2015 le catalogue de Nix Gut Records a fuité sur Youtube dans sa quasi-intégralité. Soit on voit ça comme quelque chose de regrettable, soit on voit ça comme une opportunité historique de (re)découvrir tous les albums jugés secondaires par les tenants des fanzines les plus influents. Aujourd'hui je vous propose donc de remonter le temps dans la période dorée du punk rock pour morveux, la fin des années 90-le tout début des années 2000. De toutes les époques, c'est la charnière entre les siècles qui a accouché des groupes les plus riches musicalement parlant que ce soit aux États-Unis ou en Allemagne, au point que rétrospectivement on peut bel et bien dire qu'il existe une façon de jouer typique "années 90".

  Tagtraum appartient à cette myriade de groupes issus de la vieille République Fédérale ayant eu la chance d'être repéré par le label de S.I.K. (groupe légendaire issu, lui, du Baden-Württemberg) et a connu une carrière plutôt dans l'ombre des Wizo, DDP, ou autre Terrorgruppe jusqu'à sa dissolution en 2006. C'est ainsi, comme partout certains sont destinés à la lumière, d'autres non. Et pourtant leur premier LP avait de quoi convaincre. En 30 petites minutes on retrouve tout ce qui a fait la grandeur de cette fin de siècle en terme de punk rock. L'agressivité célère mais jamais lourde, la mélodie et les lignes de guitare déchirantes quand il le faut, tout y est. Les 13 pistes de la galette présentent une structure non-linéaire des plus appréciables, le tout mâtiné par une production plus qu'adaptée au vu de l'endroit et de l'époque. On se retrouvera donc avec plaisir à arpenter des morceaux à tiroir, étant capables d'alterner les grosses déflagrations à D-beat déconstruit et les passages plus lents voire introspectifs. Si vous aimiez la mélodicité et le grain de folie de cette période, vous pouvez taper tranquille dans cet album !

  Ces deux aspects sont également présents au niveau du chant et des textes. Les refrains accrocheurs peuvent être débités avec une certaine hargne ou presque lamentatifs, exactement comme chez les autres groupes de cette période. Le chant colle parfaitement au reste, demeurant fidèle à ce qui se faisait à l'époque et la voix légèrement écorchée de Matthias Nürnberger ne fait que mieux vivre des textes tour à tour abordant les relations sentimentales ou les thèmes sociétaux avec toujours une certaine vision désabusée. Les critiques sont amères que ce soit dans un domaine ou dans l'autre et parviennent à sonner justes sans tomber dans les excès "emo" ou "anarcho-prolo" des plus rebutants.

   Au final, les années 90 sont envolées depuis belle lurette mais il reste encore de quoi piocher dans cette période, pourvu que l'on se donne la peine de dépoussiérer un peu les fonds de catalogue. Nix Gut a été très largement critiqué dans les récentes années mais à mon sens, on pourra tout de même les remercier d'avoir produit autant de groupes de punk allemand à une époque où personne ne voulait entendre parler de ce courant.




Recommandé, globalement tout mais encore plus :
-'Blaue Augen'
-'Hoffunung'
-'Stück für Stück' premier morceau qui met direct dans le bain
-'Paläste'
-'Hemd'

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