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mardi 6 juillet 2021

UNA VIDA VULGAR - RATA NEGRA

 (2021)

On pense toujours que c'est fini. On pense toujours qu'on a fait le tour et non, déboule dans nos écrans et dans notre vie vulgairement connectée une météorite qui vous prend par surprise et par les tripes. C'est exactement comme ça qu'a débarqué une série d'albums extraordinaires peu de temps avant et depuis la réouverture de ce blog piteux. Chacun d'entre eux vaudrait la peine que soit écrit un article dédié et fouillé mais si on ne devait en retenir qu'un (ce qui sera sans doute le cas pour cause de flemmite aiguë -je vous dois rien d'abord hein, mes quelques lecteurs assidus comprendront), hé ben ce serait celui-la. Hop plan, en trois parties, comme d'habitude !

Pour vous planter le décor, le trio de Rata Negra nous vient de Madrid, une ville avec une atmosphère unique, magique et révoltante à la fois et officie depuis une dizaine d'années dans le genre de clubs qui ont défini le son espagnol dans le passé, mais où il ne reste actuellement qu'une dizaine de peulés trentenaires ou quarantenaires -ceux qui savent que Pearl Jam et Smashing Pumpkins ont existé en gros-, alors que les sesentas ils étaient au moins le quadruple. Bref, du bon pédigrée et un bon départ pour un groupe local "solide". Mais rien de non plus incroyable avant 2021 pour la rate noire. Des albums possédant chacun une ambiance propre, mais toujours avec un grain un peu vilain et radical, anti-clérical, dadaiste, bref culturellement antifranquiste mais porteur de cette vision dure et noire de la vie que l'Espagne propose en général. Non ce qui fait vraiment l'intérêt de cet album, ultime, quasi-parfait,  et le place clairement un niveau au-dessus, c'est une touche immersive de fou furieux qui fait mouche.

    La production est tout d'abord d'une propreté cristalline, ce que l'on attend pas tellement de la part d'un groupe de punk, a fortiori espagnol, sauf peut-être les Lendakaris Muertos. Le travail d'ambiance est absolument énorme, et je n'ose imaginer les heures passées sur la prod'... Tout respire, tout est à sa place, on en prend plein les esgourdes avec les petites variations du jeu de gratte à la fois classique, efficace, sombre mais aussi un peu fantasque de Fa, puisant dans un répertoire large et qui j'espère saura vous parler autant qu'à moi. Difficile de ne pas voir l'influence des groupes des années 80 de Californie (WASP pour le coup) comme Agent Orange, ou plus encore Adolscents période Rikk Agnew, mais subtilement habillée de tous les oripeaux des scènes espagnoles. Comment ne pas croiser les fantômes de las Vulpes, d'Eskorbuto ? Comment ne pas voir l'empreinte des autres groupes cultes argentins (Attaque 77, los Violadores, etc) ? Car c'est bien ce côté punk avec une légère influence latino qui fonctionne si bien ici, une couche d'écho flamenco voire surf, discrètement ska, ou de la pop la plus éculée sud-américaine dont nous pauvres francophones n'aurons sans doute jamais aucune idée précise ('Cuando me muera'), venant amener une plus value réelle à ce punk léger, fidèle à la façon de faire des pionniers américains. La basse ronde n'est pas en reste non plus, donnant assez de mouvement et de charpente aux morceaux quand il faut être mordant, mais sachant ne pas prendre trop de place sur les envolées plus légères. Quant à la batterie, elle sert bien le propos, impulsant des rythmes simples mais enjoueurs et mettant en valeur les autres éléments musicaux. Un son à la fois léger, varié, énergique et un tantinet vieillot et attristé.

    Enfin, il y a la voix hypnotique de Violeta. Parfaite, tantôt caressante, tantôt désabusée ou espiègle, mais avec toujours une touche des autres qualités, elle nous clame ses états d'âmes tour à tour émotionnels, violents ou vulgaires. De premier abord calme, comme une fausse Muncie Girl, nostalgique comme le pendant  européen d'une Generacion Suicida, Violeta pourtant a un piquant un brin acerbe dans sa façon d'amener son propos, qui fait ressortir tout le côté radical et excessif des scènes contestataires espagnoles de jadis, mais sous un couvert de fausse pop sucrée. Vraiment bluffant ! Comment rester de marbre quand elle nous raconte de façon douce-amère cette histoire d'amour que l'on devine tragique sur 'Romance de Lobos' ? Comment ne pas avoir envie de partir au quart de tour sur 'Venid a ver' ? Accidente de Barcelone avait déjà placé la barre assez haut il y a une dizaine d'années mais il manquait quelque chose que les Madrilènes parviennent à faire vivre ici : un mélange subtil de registres, peaufiné on l'imagine dans les moindres détails.

    Au final, quelle bonne bande-son exceptionnelle. Revigorant le souvenir de barrios fantasmés et d'une Movida déjà enterrée mais en y instillant à la fois douceur, inventivité et une certaine noirceur, nous voilà avec une chronique de vies rudement accrocheuse. La vie, la vie vulgaire mise sublimement en chansons. Mon coup de cœur depuis bien des années !


https://rata-negra.bandcamp.com/album/una-vida-vulgar

Recommandé : tout mais encore plus particulièrement :
- 'Venid a ver', meilleur début d'album depuis The Adolescents, sérieux !
- 'Maldición'
- 'En la playa'
- 'Romance de lobos'
- 'Llorando'


 

lundi 25 janvier 2021

STRONGHOLD - SUMMONING

(1999)

Peut-on considérer une œuvre indépendamment du contexte de sa création ? Épineuse question vous en conviendrez et dont vous n'aurez probablement pas de réponse une et définitive de votre vivant pour peu que vous vous la posiez. Mais vous êtes des personnes d'esprit puisque vous êtes restés après cette accroche, et comme vous êtes perspicaces, vous vous doutez bien qu'on ne va pas jouer à l’exégèse et aux commentaires d'un texte ancien quelconque, mais bien d'un bon vieil album, raffinage 22 ans d'âge. Summoning et moi c'est une longue histoire, une sombre histoire liée à deux femmes bien différentes et fort semblables que je vous garde pour une autre fois, et de nombreux rendez-vous ratés jusqu'à ce que par un détour inattendu ils reviennent vers moi et qu'on rattrape enfin le temps perdu. D'où cet article, fruit de mes réflexions à l'écoute plus que régulière ces derniers temps qui j'espère apportera un angle légèrement différent de celui des autres innombrables pavés leur étant dédié sur la chroniquosphère.

 Pour ceux qui viendraient d'autres horizons que les sombres eaux du black metal, il peut être utile de faire une brève présentation du duo légendaire dans le milieu qu'est Summoning, du moins différente de celle de Wikipedia.

 A l'origine Summoning était un trio de teenagers versés dans le hard rock et ses dérivés liés au suicide sous assistance du grunge, populaires auprès des mâles hétéros cis-genres non-colorés de cette frange temporelle située entre 1992 et 1995. Le thrash finissant/death commençant son règne international de courte durée après le pour Protector et le prolongement doomesque de ce bon vieux heavy brittanico-germanique pour Silenius. Mais malgré l'errance propre aux premiers groupes allant dans ce sens, ils se convertirent à la nouvelle mode de l'époque dans les milieux undergrounds du metal, tout droit venue de Norvège. Pour mémo Kurt Cobain meurt en 1994, Varg Vikernes a son procès à Oslo, tout les albums de death metal cultes ou presque sont déjà sortis depuis un ou deux au minimum et l'Autriche n'a toujours pas intégré l'Union Européenne, en faisant le dernier ersatz de terre germanophone bien conservatrice malgré les incartades folles de ce maestro qu'était Falco. Alors qu'ils tâtonnaient encore, surfant sur les thèmes éculés, mort/Satan/vikings (d'où leur nom, relique de cette époque primitive), l'un d'eux se mit à lire un auteur réputé hautement ésotérique et trop evil, ce bon vieux Jéreureu Tolkien, qu'ils eurent la bonne idée d'associer à ce son naissant.  Le trio devenu bien vite duo sortit dans la foulée un album aujourd'hui disputé par les fans et eux-mêmes, 'Lugburz', petit succès chez les metalleux locaux, suivi du terrible 'Minas Morgul', du pas terrible 'Dol Guldur' et d'un court EP, attirant l'oreille de labels de plus en plus gros, culminant avec Napalm Records.Voilà pour le contexte du groupe.

 Il est de même très intéressant de noter l'aspect exotique qu'a pu avoir Tolkien pour le microcosme pré et paléo-Internet autrichien -et germanique en général- dans l'escapade proposée par Summoning. Certes il y a les vagabondages de par Arda, mais il y aussi cet aspect anglais et ancien, encore renforcé par l'usage de deux textes datés sur 'The glory disappears' et 'The loud music of the Sky', bien éloigné du quotidien des Autrichiens, surtout de cette période sans globalisation. La patrie des Habsbourgs étant réellement éloignée du monde anglo-saxon, particulièrement suite à son isolement contraint lors de la guerre froide, Summoning fait le pari de l'ambiance, jusque dans cette pochette tirée d'un tableau de John Martin, peintre romantique anglais du XIXème spécialisé dans les scènes paysagères aux couleurs tortueuses, éthérées et crépusculaires d'inspiration mythologique ou historicisante. Le dépaysement proposé est donc d'une triple nature. Triple car l'auditeur d'alors se retrouve projeté dans un monde fantastique, dans une culture d'un autre temps et d'un autre lieu, mais aussi avec une mise en abîme plus large, dans l'évasion d'un quotidien pouvant être ennuyeux ou étouffant, avec une immersion sonore tout simplement, comme une parenthèse dans un Ailleurs fugace.

Le duo joue toujours à plein la carte du synthé, créateur d'ambiance se voulant médievaliasantes mais trahissant une conception très 90s de l'electronica ambiant  tout en remettant plus en avant la guitare, dont les tremolos droits sortis des heures primaires du magma norvégien initial ne pourront que saisir et prendre aux tripes, réveillant les sentiments des premières immersions dans ces scènes si particulières. En somme on retrouve ce son world-electro diffus puisant dans la naissante darkwave tout au long des '90s que les membres du duo pratiquent dans leur projets parallèles comme Die Verbrannten Kinder Evas ou Kreuzweg Ost de façon quasi-identique. Vous savez, ce son dont Enigma fut le paroxysme mercantilisé grand public, s'étant infiltré jusque dans cette bonne vieille pop française d'alors qui ne se privait pas d'y recourir (Mylène oui, on parle de toi), mais accolé ici à 'Dark Medieval Times', Enslaved première époque et consorts. La piste d'exposition, 'Rhûn', vous plonge directement  dans le bain avec son rythme martial impeccable et ses cors lourds et pompeux, fatigués de leur existence que l'on imagine longue. Les éléments à proprement parler BM entrent naturellement, de façon scénique et large, s'articulant en complémentarité avec les sonorités plus artificielles. L'aspect boîte à rythme mécanisée et froide est ici plus à propos que ne l'aurait été une batterie organique, marquant le pas, une distance, prolongeant l'impression d'altérité tandis que les riffs presqu'en retrait vous hanteront de par leur maestria nébuleuse (le brouillard ça c'est black metal, vous pouvez rien faire). Les mélodies de 'The Glory disappear', 'The Rotting Horse on the Deadly Ground' ou 'The Shadow Lies Frozen on the Hills' ne vous quitteront jamais si vous leur ouvrez vos tympans, garanti.

 La recette n'est pourtant pas inédite, loin de là. D'autres formations contemporaines scandinaves avaient tenté l'expérience avec peu, voire aucune légèreté, aucun effet de volume et d'espace. La parfaite illustration de ce que Summoning a évité comme écueil peut trouver contre-exemple le premier Finntroll, 'Midnattens Widunder' sorti la même année, beaucoup, beaucoup plus balourd, trollesque, sans raffinement et ce même pour les pistes les moins hummpa. Alors oui même sur 'Stronghold' , tout n'est pas parfait, on peut retrouver certains traits de cette façon de jouer commune à l'époque. Il reste quelques airs champêtres de chasse à la pâquerette ou à l'edelweiss (humour) comme sur 'Dol Guldur', tirant plus vers les ritournelles volksmusik de fête à la saucisse, mais ça reste bien plus discret que chez les groupes-étrons à clavier "kvlts" comme Dimmu, Cradle... bref ces trucs-là... mais ils ne dérangent que peu l'expérience. Le synthé est un maître exigeant et il est peu évident à manier, son aspect daté et cheap, presque forcé contribue rétrospectivement aujourd'hui à un voyage absyssal dans un passé musical récent, lorgnant sur des thèmes d'un autre passé plus distant. Bien entendu, les compositions sont simplissimes, se déroulant de façon entendue le plus clair du temps, sans surprendre mais tel n'est pas le but de la recette Summoning qui est là pour poser les choses, poser le décorum d'une réflexion moins futile qu'il n'y parait. L'ultime piste, 'A Distant Flame Before the Sun', inquiétante, Ragnarok lunaire et mortifère de cette galette,  dans son développement aussi lancinant que l'Anduin ou le Rhin des Nibelungen en est l'expression la plus flagrante.

 Au niveau du fond, on peut de prime abord s'étonner de cette association entre les écrits fantasmagoriques d'un auteur britannique résolument catholique (ce qui n'est déjà pas très commun) et celles musicales, nourries au sous-satanisme plus ou moins hollywoodien, de deux jeunes metalleux autrichiens. Mais à y voir de plus près, bien que le but du premier et des seconds à leurs débuts divergent totalement, l'un nous décrivant la victoire d'un Bien malmené contre un Mal écrasant, les autres se plaçant résolument du côté maléfique de l'échiquier pour l'aspect choquant et puissant, on peut y voir une certaine confluence. Les seconds se sont nourris des visions lugubres de la part sombre du premier à leurs débuts, avant de relativiser leur propos dans la suite de leur discographie et de n'en garder qu'une esthétique décharnée quasi romantique. Mais en conservant toujours une perspective sombre et morbide, parce que black metal hein, quand même. Ce qui fait l'intérêt particulier de 'Stronghold', c'est qu'il est le premier LP à se démarquer de cette fascination quelque peu puérile envers le Mal, incarné par les forteresses de Sauron (Dol Guldur) ou de ses sbires zélés tout de noir vêtus (Minas Morgul), pour placer l'éventualité d'un possible plus large, avec ce titre plus neutre de "Bastion",pouvant tant renvoyer aux fortifications précédemment citées qu'à Minas Tirith, Edoras, ou celles des autres races du legendarium, voire dans notre monde à cette impression anxiogène ou élitiste qu'affectionne le black metal en général : être les derniers des purs dans un monde d'impur, musicalement ou plus largement culturellement (vous choisirez quelle version de cette vision de combat vous sied au mieux). Un choix significatif, implicite ou non, qui se plus fera prégnant dans la direction ultérieure de leur discographie privilégiant le côté atmo et narratif et délaissant violence et noirceur initiales du projet. 

 Le propos reste noirâtre, morbide ou mélancolique selon les morceaux. Le temps qui passe, les errances, la souvenance y occupent une place bien plus importante que le fracas des batailles. La peine y est bien présente, plus que la mort, approchée comme un absolu, une contemplation de la décadence du vivant plutôt que comme une fin en soi. Les étoiles, fréquemment citées, guident le voyage où une seule et unique mention directe à Tolkien est à noter, Morgoth, détachant totalement le texte et les pistes du legendarium, ce dernier ne servant que de devanture, de glaçage, à un propos que l'on découvre surprenamment plus intimiste et personnel que l'image de marque du duo ne le laissait supposer.

 Le chant écorché se fait parfois plus clair, moins raw, pour mieux accompagner ce changement, avec une réverbe profonde accentuant l'aspect montagneux (les Alpes ? Les Monts Brumeux ?) de l'ensemble, détaché du temps, comme un écho ancien perdu entre les vallées. Parfois encore teintée de ce craché bileux black old school ('The glory disappears'), il se fait plus émotif, perdu, donnant une nouvelle dimension, trahissant une souffrance mélancolique quand il le faut ('Like Some Snow-white Marble Eyes'). Et puis il y a cette voix féminine aux faux airs d'opéra sur 'Where hope and daylight die', inattendue, grandiloquente que l'on imagine celle d'un spectre vêtu de noir meurtri par la mort lointaine d'un amour ancien, reclus dans une quelconque place forte veillant sur la mère-Danube. Fantomatique, Tania Borsky réussit un exercice difficile. Tarja et ses copines à coffre n'ont jamais eu mes faveurs, c'est pour vous dire le remarquable travail d'immersion pour arriver à faire passer ça.

Au final, peut-on détacher Summoning de Tolkien ? Ma foi, oui, car la force du duo réside avant tout dans une mélodicité irréprochable doublée d'un désir d'expérimentation savamment cadré ouvrant la voie à une recette qui par la suite va perdre en superbe et inspirer toute une vague éculée, prétexte uniquement à l'évasion. Dans tous les degrés qu'elle comporte.


Recommandé  : tout mais les hammer-hits sont :

- 'Rhûn'
- 'Long lost to where no pathway goes'
- 'The glory disappears', le chef d’œuvre de la galette
- 'The Rotting Horse on the Deadly Ground' pour son riff hanté
- 'A Distant Flame Before the Sun'
 

samedi 25 juillet 2020

NEUN LEBEN - FLIEHENDE STÜRMEN

(2019)


Les chats sont des êtres facétieux, les Internets ne le savent que trop bien, 'faites pas semblant. En Allemagne comme ailleurs sur le continent ils n'ont que sept vies, et non neuf comme chez les Brexiteurs et leurs descendants coloniaux, mais ça aurait eu l'air nettement plus con d'intituler un album de neuf pistes 'Sieben Leben' non ?  Passé ce détail technique, cette pochette rouge sang (presque le même que celui présent sur   la discographie complète de Chaos Z, seulement un peu édulcoré par le passage du temps) trahit l'esprit de la présente galette de façon assez juste. Bien qu'ayant l'air inoffensive à présent, petite, et fantomatique, la bête est méfiante et reste prête à se défendre.

  Fliehende Stürme, prolongement dépressif et mélancolique du mythique Chaos Z est une de ces formations fugaces mais toujours présentes dans les à-côtés du paysage culturel deutschpunk, comme un oncle qu'on a aimé et admiré enfant, qui aurait voyagé très loin, et dont on a que sporadiquement des nouvelles, par-delà une autre rive. Cette autre rive pourrait être le Styx pour FS, dont seul le chanteur et fondateur reste de ce monde actuellement.

  Au niveau des influences rien de bien neuf, la recette est toujours la même. On reste dans la droite lignée de ce qu'a pu produire l'Allemagne dans les années 1980  (Razzia, Torpedo Moskau, Die Strafe, peut-être même Alphaville et leurs copains vous savez), passée la tornade figée Killing Joke/Joy Division. Non, ce qui frappe ici c'est plus l'exécution, froide, si froide, maitrisée, dont la chaleur parfois approchée ne s'avère être qu'une illusion, un reste de deutschpunk passé à la moulinette dark wave.

  Riches et uniques, les morceaux s'enchainent sans se ressembler, depuis l'entrée magistrale 'Die Königin darf nicht fallen' et son refrain glaçant, jusqu'à 'Kreigskindruh' et son tempo lent, habillé d'un orgue funéraire quasi-chrétien, en passant par le très dur 'Puppen' ou le plus électro 'Sensation'. Les ambiances défilent, comme autant de vies, autant de moments du passé, autant de vies parallèles et ratées que l'on contemplerait le long du train de l'existence, avec pour dénominateur commun une batterie carrée et martiale, indus ou street-punk fainéant et surtout une basse ronde omniprésente, englobante, presque réconfortante -ces lignes de basse putain !-. 
 Peu dans les habitudes éditoriales de ce blog piteux quasi décédé, le clavier est ici plutôt bien manié et viendra à la manière d'un Flake habilement habiller le reste le plus clair du temps (un peu long peut-être sur 'Sensation', mais c'est du pinaillage). Il est un complément essentiel de la guitare, loin d'être centrale, et se voit offrir quelques solis gentillement mélancoliques, qui ne convainquent pas totalement cependant sur 'Innenstadt' ou 'Jetzt'. Si Indochine, que je soupçonne d'avoir lorgné plus d'une fois sur FS, avait vraiment eu une once de rébellion en eux, ils auraient sonné comme Fliehende Stürme, définitivement.

  Les textes sont déclamés par l'inébranlable Andreas Löhr avec cette voix d'Outre-Tombe unique, si calme, quasi éternelle, ne retrouvant sa haine lancinante du monde que dans de brefs moments qui font mouche et mal à la fois ('Innenstadt'). Ils sont sombres et froids, comme un ancien complexe sidérurgique en friche. L'espoir n'est pas de mise, car il est illusoire ('Es wird nie mehr sein ,wie es ein mal war'). On peut bien se mettre en colère ('Das Bild', avec son chant vraiment punk), on peut bien regretter une éphémère et douce chaleur de jadis, ce ne sont que des illusions. Ne reste que le souvenir et le regret ('Industrie'). Si la vie n'a aucun sens, il n'est cependant pas nécessaire d'accepter les carcans de notre monde capitaliste, qui finalement ne font que rendre plus saillant ce fait de par leur absurdité. Alors, romantique oui, comme une usine désaffectée d'où tomberait encore de quelconques symboles communistes rouillés et défaits par le temps, vanité pure et froide de ce monde mécanisé et malveillant. Pas comme le romanticisme à chier de Hollywood.

  Au final, la vie est faite de plusieurs vies, mais aucune ne s'efface totalement, et c'est en puisant dans sa riche discographie mais aussi son histoire quasi-tragique que Fliehende Stürme parvient encore à surprendre et à accrocher avec cette galette crépusculaire par moments, désabusée et emplie de fureur intériorisée. Les maîtres d'un genre qu'ils ont créé et qui mourra avec eux.




Recommandé :
- 'Industrie'
- 'Sensation'
- 'Die Königin darf nicht fallen'
- 'Das Bild'
- Entstehen und Verschwinden'


vendredi 6 octobre 2017

TREIBSAND - DUESENJAEGER

(2016)

  Sur ce même blog -déserté à regrets ces derniers temps- une question revient régulièrement, entre les lignes : que reste-t-il du passé dans les vicissitudes du présent ? Cette question métaphysique traverse certaines existences plus que d'autres et certains groupes y font explicitement écho le plus long de leur carrière. Il en va notamment ainsi pour Duesenjaeger, une formation discrète mais constante de la punkerei d'ascendance ouest-allemande. Débutant en 2001, période où l'essoufflement du son des années 90 pointait déjà rétrospectivement son nez, que ce fûsse pour le "grand frère" américain ou pour les plus frustres et traditionnels allemands, le groupe a toujours eu une inclination pour la mélancolie et une certaine tristesse désabusée. Passé les brillants 'Las Palmas OK' et ' Schimmern', plus rien ne semblait devoir être dit. C'est donc une agréable surprise de voir que la reprise inattendue avec 'Leben lieben sterben' en 2012 n'était pas qu'une étincelle isolée au milieu de braises encore chaudes, mais bel et bien et un nouvel élan dans le parcours des Munsteriens. 'Treibsand' pourtant ne quitte pas les vieux démons chers au quartet, et ces sables mouvants semblent bien évoquer les sables du temps avant tout.

On retrouve ainsi le "son Duesenjaeger" typique avec une production le mettant nettement à son avantage. Les rythmiques  sont toujours simples, pour ne pas dire ramonesiennes, avec une basse cimentant de façon entraînante l'ensemble, et les guitares sont toujours tristes mais avec un certain entrain. L'impression générale emprunte de façon ostentatoire au post-punk le plus confiné mais aussi parfois à des registres bien plus noirs (à la limite du DSBM, sérieux) avec toutefois une couche sous-jacente de colère et de revendication propre au deutschpunk. Sous le vernis policé, gentiment inoffensif, on peut toujours voir les vestiges d'un passé bien plus brûlant, plus palpable sur 'Kreislauf' délibérément 80er dans son approche. Une sorte de colère froide et désabusée émane majoritairement d'un ensemble bien homogène. Du Duesenjaeger 16 ans d'âge, en somme.

Le point le plus cryptique  pour le profane restera sûrement cette fois encore le chant, bien trop détaché malheureusement sur certains passages ('Rastlos und kalt'), et ce malgré un grand renfort de chœurs dynamiques. La quasi-perfection est ratée de peu, mais il est délicat de faire vivre des des textes dénués au final de toute chaleur. Critique, désabusé mais n'ayant toujours pas capitulé face à notre monde réjouissant, le constat proposé par la voix de Tobi Neumann est juste mais dur. 'Tief', 'Wie lange noch' 'Sinflut' en sont les exemples-types. "Nach uns die Sinflut"

Au final, un très bon album d'un groupe qui a su faire mûrir sa formule sans jamais se départir de ses fondamentaux. A l'image de sa sinistre parce que désincarnée mais ô combien concrète pochette, 'Treibsand' tape juste sans trop en faire.

https://duesenjaeger.bandcamp.com/album/treibsand-lp

Recommandé :
- 'Tief'
- 'Jauch taucher' et son attaque ramonescore ultra-efficace
- 'Sinflut'
- 'Wie lange noch'
- 'Grabeland' aux accents franchement post-black dans les riffs

jeudi 21 avril 2016

WAS IS'N NU MIT DER REVOLUTION ? - TAKE SHIT

(2008)


  Au départ il était prévu de vous parler de Silbermond, croix de bois, croix de fer... Silbermond est un de ces groupes de pop à chanteuse qui sont tout à fait recommandables (même si un peu trop gentillement pacifistes, mais bon c'est de la pop...), et dans une optique d'ouverture vers les sphères consuméristes et "normales" de la société, il aurait été de bon ton d'en parler ici même. Mais si, faîtes donc pas semblant, dans chaque soirée un peu hype il y a toujours un type bedonnant avec une barbe de 3 jours et un air trop parigo pour être honnête qui vous chope dans un coin quand il apprend par malheur que "la zik c'est votre truc". Alors il vous parle de ses albums cultes, comme quoi il écoute aussi du son extrême mais cet album de pop-là, c'est différent, il est vraiment bien et blablablabla, ça en finit pas et là vous êtes foutu. C'est dans ce genre de moment que vos yeux se brouillent, prennent l'aspect de ceux d'un merlan à l'étal poisson de Super U et que pendant que l'autre part dans son monologue masturbatoire, votre cerveau dans un mécanisme de préservation se met à faire défiler du punk rock bien décadent dans votre esprit.

  Tout ça pour dire, que Take Shit est exactement le genre de son adapté à cette situation. Groupe de fond du catalogue de Nix Gut (encore eux, oui, oui...), il n'en demeure pas fortement sympathique par certains aspects. Moins à la page que ses contemporains de Kasa ou Ni Ju San, les scheissenehmerz se rapprochent en influences que de bons groupes 100 % approuvés par richtermusik : Dritte Wahl, Chefdenker, No Exit, Alarmsignal, Loikaemie, Splash et j'en passe. Bien crasseux, avec une sonorité résolument 80er le combo s'enfonce dans un punk rock continental et simpliste au premier abord qui flirte avec délice avec le proll-punk de base mais sans trop forcer sa nature. Les rythmiques sont évidentes, dans un tempo pas trop rapide et sans D-beat, la basse est bien ronde et mise en évidence, les guitares vous assènent des riffs assassins sur les 14 pistes de cette galette d'anthologie. Les hymnes au Zusammenhalt prolo pré-anar vous sont délivrés les uns après les autres, sans pitié avec tout le respect dû à l'orthodoxie keuponne. 'Kein Bock', 'Dummkopf', 'Punk Rock', 'Geld', 'Pass auf' s'enchaînent sans pitié et on redemande tant les passages épiques, nerveux ou purement old school s'emboîtent bien les uns aux autres.

  Musicalement on touche donc les groupes mythiques des débuts de punk allemand bas du front, mais au niveau des paroles on retrouve tout autant l'attitude bornée et irrévérencieuse des formations restées trves (Ich hab' kein Bock, Ich tu was ich will ! / Die Nazis saufen so wie ich... ). Loin des grosses déclarations d'hostilité au Système Take Shit met surtout l'accent sur la bêtise très ordinaire des humains normaux entourant les asociaux comme vous et moi. Avec un œil espiègle sur ce qui les entoure, les Take Shit nous livre en quelque sorte leurs pensées face aux individus à la con que l'on est forcé de se coltiner par la force des choses. Toutes ces choses politiquement incorrectes, qu'il ne faut surtout pas dire à voix haute -on ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs-, les Take Shit ne se les gardent pas pour eux, au risque de surcharger leur mécanisme freudien de refoulement. Non, ils en font des chansons. Le tout est délivré par un chant clair, simple et efficace, exemplaire assisté de chœurs judicieux. Que demande le peuple ?

  Au final, les fonds de catalogue se révèlent parfois surprenamment bons. Un album pour ceux qui aiment leur punk un peu cradingue, effronté et fidèle aux grands des années 80, loin des dérives à brûle-pourpoint trop émotives de ces dernières années.




Recommandé : tout mais surtout
- 'Dummkopf'
- 'Tolerant und dumm'
- 'Pass auf'
- 'Überwachung'
- 'Alles Scheisse'
- 'Kein Bock'

dimanche 10 avril 2016

AN AMERICAN PUNK ROCK ANTHOLOGY

  So, I wrote the other day an article about kvlt black metal record through the ages (a really great article, nerds), and while reading my crappy english skills, I realized that I kept talking about punk rock, even if this was supposed to be 100% about dark evil northern fir forests.

Then, I recently played for some time in a band using french lyrics, and my ex-mates only had a french punk background. I realized that they know litterally nothing about the american punk rock that shaped my youth along with the german records. God those guys make me sad sometimes, french punk is so shitty. This brought me back when I was 19 and played with my first band. We all started with the 90s californian tunes but soon we started to go in different ways. I went into anarcho-punk, deutschpunk and even thrash, while my guitarist, one of those guys I musically speaking will respect all my goddam life, went totally into US hardcore punk. At the end I found very frustrating for european youngsters like us only to act as american wannabes. The band split and only years after I found myself lucky to have met my old bud who instructed me against my will about US punk that much.

  Those two facts combined led me to write my personal ultimate american punk rock records list. As usual one band, one record. Keep in mind I'm an european dildo and that albums had to cross the Atlantic before I could hear them back in the days. This should explain why your favourite Missouri punk band doesn't appear here somehow. And yeah, you'll also find canadian acts here, because we all know Canada really is USA's mat. Most of this stuff also predates 2006, the year a german band called Betontod released what's their best record to this date, 'Schwarzes Blut' and after I listened to this one I almost went only into german or eastern european tunes. Finally I'd like to add that all schools are good, no one's a poser, ramonescore, pop-punk, hardcore punk, NYHC, crossover, everyone's welcome.


Except Rancid, the great moron king GG 'Disturbed' Allin, too-pride-to-be-Celts-to-be-truely-punk Dropkick Murphys and Against me!. Fuck them till the end !



The runaways - The Runaways (1976) California

 As fundamental as the following band in my humble opinion. Right, there's also many blues and hard rock influences on the whole record, but most of what will musically define punk rock is here !

Ramones - Ramones (1976) New York

 Until recently I was reluctant to include the Ramones in the punk rock catalog. To me they always appeared as the rock band who made punk in Britain possible (yeah I follow the british school, fuck you US patriots) but even if they went completely into the capitalist way of life later they were so influential that they had to be here. But for me no matter what you'll say, the Damned will be the very first true punk band, and the Pistols the band that definitely started this whole madness.


L.A.M.F. - The Heartbreakers (1977) New York

 Among the "old New York punk bands from the 70s" like Television, Suicide, Richard Hell (some add Blondie to this list, heresy !) only a few can be considered today as punk. The Heartbreakers are one of those bands.




Young, loud and snotty - The Dead Boys (1977) Ohio

  So many german punks were influenced by this band back in the very late 70s/very early 80s that  they had to appear here. Respect, old dead junkie fucks !

GI - The Germs (1979) California

One of those mythical records. Rotten, stupid and violent, just like life.
One of my favourite records when I was in the lycée (basically what the whole world calls high school). Some politized kids, horrible morons manipulated by the Socialist party, thought back then I was a nazi/racist because once I talked about this band while in art class. True story !

The incredible shrinking Dickies - The Dickies (1979) California

 My first real album by a real punk band was one from the Damned. But if I were born in America, it is very likely it would have been a Dickies one. The Sabbath cover nails everything.
Los Angeles - X (1980) California

Another classic among the californian classics. Played it often when I was under 18.
New hope for the wretched - The Plasmatics (1980) New York

Wendy O' Williams had a hard life that's for sure. But she embodied a weird mix of hatred and slutiness, that could only be found in a punk band. Except her, the rest is not that great here, but Wendy saves this record, definitely.
Fresh fruit for rotting vegetables - Dead Kennedys (1980) California

Jello Biafra is for me someone you can call a real sociopath and he kinda scares me. This guy makes me litterally ill-at-ease. But this isn't enough to minor the impact of their only good record !
Adolescents - Adolescents (1981) California

 Along with the kids they influenced who'll later form a shitty band called the Offspring, the Adolescents are my american punk gods. No more, no less.





Living in darkness - Agent orange (1981) California

One of my top five US punk records, for sure. Love the surf music influences !






Damaged - Black Flag (1981) California

My very first hardcore record. Not that great but I still love it.







Dance with me - T.S.O.L. (1981) California

The first time I saw this cover, I thought I dealt with some shitty british 80s punk band who just turned into a shitty archaic death metal band (who said Uproar ?), so I wasn't prepared to find one of those fucking records that helped the Offspring to build their sound. Another classic !




Reagan's In - Wasted Youth [US] (1981) California

Album Generic Flipper - Flipper (1982) California

Really weird stuff. Like old school punk met doom. Slow and acid as fuck, one of those mad albums you'll remember a very long time.
Back from Samoa - Angry Samoans (1982) California










Wild in the streets - Circle Jerks (1982) California
Milo goes to college - Descendents (1982) California

Milo turns 50, holy crap !








 Rock for light - Bad brains (1983) Washington D.C.


On most "best-of" lists on the Internet you'll find their first album, but I never liked it that much. Overshadowed by their debut, their second release is more reffined and carries more IMHO.
Is this my world ? - Jerry's Kids (1983) Massachussetts










Land of the lost - The Freeze (1983) Massachusetts

Those covers were fucking horrible back in the days, damn...
The crew - 7 seconds (1984) Nevada

One of my favourite early hardcore act.







Die Kreuzen - Die Kreuzen (1984) Wisconsin

 You want your band to have a bad ass name ? Use german ! Even with grammatical failures, this shall work. Joke apart, a sick hardcore old gem.
Zen Arcade - Hüsker Dü (1984) Minnesota

Keep laughing - Rich Kids on LSD (1985) California

Dealing with it ! - Dirty Rotten Imbeciles (1985) Texas








 
Indifference - The Proletariat (1985) Massachusetts

Straight and alert - Uniform choice (1986) California 

  That's right a fucking straight-edge record full of bullshit X propaganda, but one with some fucking angry riffs. Fuck this nazi-like movement, may Vegan Reich and all the others crappy neo-con bands in disguise rot in Hell.




Feed us a fetus - Dayglo Abortions (1986) British Columbia









Can I say - Dag Nasty (1986) Washington D.C.

 For some odd reasons I thought for a very long time Dag Nasty was some West Coast hip hop wannabe. Couldn't get any wronger.







Songs about fucking - Big Black (1987) Illinois

Extreme stuff on the edge of lo-fi and noise, I admit. One step further than Generic Flipper.
Suffer -Bad Religion (1988) California

 The best Bad Religion release to this date, and maybe the last where they were more punk than rock.








L7 - L7 (1988) California

 Their only fully punk record, before they thought grunge was the trend to follow. Grunge from L.A., come on ...

 Boogadaboogadaboogada! - Screeching Weasels (1988) Illinois

The name is stupid, the weasel childlish, the Ramones worship everywhere, but damn this is so good.






Plutocracy = Tyranny and exploitation - A.P.P.L.E. (1988) New York

Back in the 80s anarcho-punk was more a british thing than anything else. This record is one of the american enjoyable exceptions. The female singer's voice will haunt you for a while.






Not in this alone - Youth of today (1988) Connecticut

 Disgusting politics and views on how to live, this fuckers are the definition of punk traitors, they did understand the music but totally missed the point of what early punks stood for. NSBM wankers deserve even more respect than those X morons. Hate this band, hate the straight-edge shit, but keep the good riffs. Same goes for Chain of strength and all their little buddies. Only the muslim shit called Vegan Reich is worse, burn in a drug-free, vegan, sexually conservative monotheistic Hell, scums !


Start today - Gorilla Biscuits (1989) New York










Destroyed - Sloppy seconds (1989) Indiana

There's basically three kind of bands : bands you're fan of, bands you hate and bands you don't care about. Social distortion in my case belongs to the latter kind. I can't do otherwise, I'm totally hermetic to the old school 50s rock influenced stuff, I just don't fucking care. But sometimes there's exceptions as usual. This lost record is one of them because despite its sweaty rocky/ramenoscore hybrid sound it carries such an amount of disrespect and filth I really did enjoy listen to this remote obscure third zone half-redneck band. Kinda the Dwarves fucked Social Distortion in the ass. 16 times.

Complete discography - Minor Threat (1989) Washington D.C.

The Offspring -The Offspring (1990) California

 I have a nevrotic relation to this band. They litterally saved me from a life of musical and intellectual mediocrity. Before punk I listened to soft 70s rock or british pop, then brainless to old hard rock and depressed grunge. The Damned, the Buzzcocks and the Pistols kicked my ass, but the only band I could found easily and that didn't sounded like the crap France gave to his kids was this one. I fell in love with their primitive lo-fi here, and what they said was nothing but the bitter truth. They can release 10 crappy pop records, for what they brought me I will always respect those guys.

En attendant demain - Banlieue Rouge (1990) Québec

 French is my mother-tongue and I basically hate this garbage language to death along with the shitty french culture. I hate french architecture, french litterature and french music, be it mainstream or not. But as usual there's a few exceptions, and this record is among them. Very influenced by les Béruriers Noirs, THE ultra-famous french punk band from the 80s, those Canadians are better than their idols. I'm totally unaware of the other french-speaking punk bands from Canada, sorry.


Thanks God for little girls -The Dwarves (1991) Illinois

The Dwarves are the exact opposite of the Offspring. Where the Huntington guys tried to bring some "don't trust the bullshit/be yourself" attitude the Dwarves were kinda "Eat shit. Fuck everyone. Be a pyscho. Don't fucking care about it" and that's why they got famous and why we love them so much.




Pussy whipped - Bikini kill (1993) Washington

Confused, wild.







Love songs for the retarded - The Queers (1993) New Hampshire

  Punk can express the ultimate despair and anger, but it also can be full of joy even when it conveys bitter lyrics. That's why this old record is so effective, it mixes perfectly both.




 
How to clean everything - Propagandhi (1993) Manitoba 

How original I know. Couldn't help but this may be REALLY be their best record after all...
A collection of pop classics -Reagan Youth (1994) New York

 The title says it all. Eternal respect for those junkies.








Set it off - Madball (1994) New York

 This shit impressed me so much when I was a kid. Unforgettable band, unforgettable cover.







Unrest - Disrupt (1994) Massachussetts








 
Crime ridden society - One Life Crew (1995)  Ohio

I know this one is pretty famous in right-wing circles despite what the band said about far-right believers, but this album has one of the best hardcore sound ever, so deal with it !
Riverdales - The Riverdales (1995) Illinois

When this shit came out it instantly replaced the previous Queers' album on this list as the ultimate soft punk with some touch of pop record. So fresh, so instinctive, so good.





Ideas are bullet proof - The Pist (1995) Connecticut
Insomniac - Green Day (1995) California

 I know Green Day is one of the most hated bands and I can understand why. But when I was young, they were uhm... really punker than today and I started to learn how to play punk with them. This was before 'American Idiot' -a killer record you'll have to admit- and since those old shitty days, I still like their old stuff.


Patriotic shock - Total Chaos (1995) California









Blonder and blonder - The Muffs (1995) California








 
Leche con carne - No use for a name (1995) California

No future no hope - Defiance (1996) Oregon

 Some might remember this weird movie called 'Wassup rockers'. My teens had the same "nowhere to go, nothing to do" atmosphere, and some tracks from this record were in original soundtrack. This didn't surprised me as this record was already the soundtrack of my late teens.
Today I'm becoming a part of this revolting capitalist system because I got fed up with being poor and stuff (Punk is bullshit, you know...) but I will never forget that during more than 10 years I had no future and no hope.

The System works for them - Aus-Rotten (1996) Pennsylvania

The first track of this album convinced me that there was a life after the good-sounding and clean 90s californian punk rock who slowly became poppier and poppier. My first anarcho/crusto/rotten DIY record.





A comprehensive guide to moderne rebellion - Good Riddance (1996) California








Life in general - Mxpx (1996) Washington








 
Love is dead - The Mr T Experience (1996) California
Musical monkey - Guttermouth (1997) California










The Donnas - The Donnas (1997) California

One of those good musical jokes. Stupid and catchy as fuck. Remembered this band only existed while writing this anthology.
Full circle - Pennywise (1997) California

The first time I covered a Pennywise song I was getting tired of this late 90s californian punk rock maelstrom. But I didn't expected this "band for dumb american skaters" to have such good punchlines and a drummer with this skill level. Still have respect for them since the day I realized they happened to be special some day.
For the punx - The Casualties (1997) New York

 The poser police is always ready to blame this band for being the definition of "sold-out fake punks" and once I thought they deserved it. But then I realized that the Casualties ain't the shitty band most of us seen described in anarcho-zines. Those guys knew their punk, knew their roots and knew what to live in this shit was. They don't talk about anarchy ? They make money ? Hell yeah, and guess what I don't care ! Being a gutter punk ain't the end of the line, it's the beginning of seing life as it really is. This record is only for the punx and for the punx only.

American Psycho - Misfits (1997) New Jersey

 Misfits is one of those bands talking about crap all the time. But unlike when they had Danzig walking among them, or any regular dumb as fuck psychobilly band this planet conveys, they happened to release one killer record. I discovered it quite recently, and I was surprised to find here such quality.



So long and thanks for all the shoes - NOFX (1997) California

  For some reason NOFX seemed to be considered as a true punk band while thousands of equally upstanding acts have this status denied. I grew up with NOFX don't get me wrong, but if you're looking for a good album from the beginning to the end, then there's only this one IMO.



Dude Ranch - Blink 182 (1997) California


 I basically always hated Blink 182. I'm not the "scene policeman" kind of guy, but when 'Enema of State' came out I couldn't help but hate those dumbasses that pretended to play regular punk rock while actually promoting retarded pop rock for boring teenagers having some roots in punk rock some day. First I didn't want to sully this list with them, but then I remembered they happened to record one good album some day. No anarchy here, no rebellion, but for once this will be accepted.
Built to last - Sick of it all (1997) New York

Madball is the first hardcore band from New York I encountered as a kiddo, but Sick of it all have something special Madball never had despite all their "street credibility" or whatsoever : a gift for being melodic and tough at the same time. You can almost dance on some SOIA songs whereas you'd be able only to mosh on Madball ones. That's where the difference lies.


Tanked and pogoed - Blanks 77 (1997) New Jersey










Unleashed - Ten Foot Pole (1997) California

Epitaph, fucking epitaph.

Twisted by design - Strung out (1998) California












My life - Deviates (1998) California

On some points better than Pennywise. More energy, angrier, rawer. If you liked it be sure to check the angrier De Heideroosjes songs.
Because no one stopped us - Belvedere (1998) Alberta

Hello Rock view - Less than Jake (1998) Florida

Hitler bad, Vandals good. - The Vandals (1998) California

Let's talk about feelings -Lagawagon (1998) California




Kicked in the teeth -Zeke (1998) Washington


Violent and fast just as I like. A spit in society's face.

Revenge on society - Blood for blood (1998) Massachussetts

Violent and hateful hardcore. Can be respected even by the death metal maniacs.
No gods, no managers - Choking Victim (1999) New York

  A guy I saw only once in my life had this album cover printed on his bag and we only talked for minutes. I asked him if this was some kind of joke black metal band. He said to me "Fuck you, this is the best record ever". This guy had smoked so much marijuana that only staying nearby him, I smelt like Snoop Doggy Weed. This guy was quite right, this album was about drugs and probably one of the best from the late 90s.


 Pretty killers - Fabulous Disaster (1999) California

 Underrated as hell.






 
@#§* - Pulley (1999) California


  A band I had totally forgotten before I wrote this long boring list. These record features everything late 90s kids like me found attractive in the then-current punk rock from California.
A new kind of army - Anti-Flag (1999) Pennsylvania



Once one of my 3 favourite bands, they've finally gone totally shitty in the recent years. But still their old stuff is gorgeous.
Death by television - The Lillingtons (1999) Wyoming

One of the best ramonescore releases. Haunting melodies, silly lyrics.








Let's do it for Johnny ! - Bowling for soup (2000) Texas

  Possibly one of the worst pop-punk bands along with Blink-182, right !
But to the contrary of Blinky I always liked their old tunes. Maybe this is just late 90s nostalgia, but fact is these dum songs still make me something today.



   
Slow motion riot - 98 mute (2000) California

Often called a Pennywise clone (can't blame those saying that), but one more than decent record for sure.







Treatment 5 - Okser (2000) California


Shorter, faster, louder - Kid Dynamite (2000) Pennsylvania









Flash flash flash - The Explosion (2000) Massachusetts
Live fast, die young - The Devotchkas (2001) New York


Well, nothing outstanding here. Just a good street punk record from the Casualties female counterpart.






Ill at ease - The Methadones (2001) Illinois

Change is a sound - Strike anywhere (2001) Virginia

 The band logo evokes the old european social-democrat parties that made Europe the shithole it is today (thanks a lot to generations of voting assholes and non-voting totalitarians douchebags). This said, pretty strong melodic hardcore with some good political slogans.
How I spent my summer vacation - The Bouncing Souls (2001) New Jersey

 If you're like me during my punk music-consuming days, you may hate the loudness of heavy metal and especially the one omnipresent in death metal. It wasn't an easy to task to find fast and angry music not being fucking loud. This is one of the reasons I particularly appreciated this record.



Carpe Diem - Will Haven (2001) California

I know Wikipedia says this is noise metal and not hardcore punk but who cares ? If you closely listen to it you will find the origins of what modern crusties call... crust punk ! Sick record.
The price of progression - Ensign (2001) New Jersey









The ultimate escape - Tsunami Bomb (2002) California
Does this look infected ? - Sum 41 (2002) Ontario

 Back in the old days I hated Blink 182 to the very core, and when I discovered the name Sum 41, I feared another band for political correct kids pretending to know what punk was. Then came 'Mr Amsterdam', and Sum 41 became one of my favourite band ever. I learned a lot listening to Stevo 32 and Dereck and somehow they influenced every band I played in. Paradoxally they also helped to get into metal later.

Don't worry about me - Joey Ramone (2002) New York

Nowhere to hide - The Virus (2002) Pennsylvania






We know you suck - JFA (2003) Arizona



Great compilation of otherwise hard to find tracks.

Everything goes numb - Streetlight Manifesto (2003) New Jersey

Ska punk is definitely not my thing. Too much happiness, too much positive ideas, too many trumpets, I can't stand ska punk. But one night I was quite low and heard 'A better place, a better time'; and I don't know I listened to the whole record then and this made my day. Weird, because I still find ska-punk shitty beyond reason.


 
A call to action - Contravene (2003) Arizona

Very interesting work. One of the earliest examples of anarcho-punk using black metal riffs (and good ones, guys !) while keeping the anarchist rethoric.





Total - Teenage Bottlerocket (2003) Wyoming

Every Teenage Bottlerocket to this day is a good one, but this one has a quite rawer sound, making it even better !







Ocean avenue - Yellowcard (2003) Florida

This album is a little bit special for me. I never liked it. To be more precise after I heard this very record I gradually start to lose all my interest in the melodic pop punk/ skate punk stuff. Every song here is so predictable and weak, it made me mad. It was time to move to something else, and for me it was deutschpunk.
Fuck World Trade - Leftöver Crack (2004) New York

Siren song of the counter culture - Rise against (2004) Illinois










The punk terrorist anthology vol 1. - Nausea (2004) New York









One with the underdogs - Terror (2004) California

 Probably the harder hardcore punk album I've ever heard before things go full metalcore.






 Strength through pain - Monster Squad (2004) California

Awesome, just awesome.
Viking - Lars Frederiksen and the bastards (2004) California

Yeah I know there's written "Fuck Rancid" up there and I still mean it. I had to work on myself before I could give this LP a chance, because of my total hatred for Rancid. I was really surprised by the quality of what I found. I knew Lars F. shared my tastes for the old 80s british punk but I didn't expected to find exactly what I like in this kind of punk in an all-american modern band. Rancid should have been more like this to be considered respectable.


Promises kept - Champion (2004) Washington

  Sweaty, melodic.
War profiteering is killing us all - The Suicide Machines (2005) Micihigan

  Their 90s releases weren't bad, but a little bit too ska for my tastes, so quite naturally their last record had to be the one here. I really liked to rehearse on some of those tunes while I played hardcore punk back then. Sick shit !


 
Paradise - Paint it black (2005) Pennsylvania

 When your band's name is such a reference to such an amazing song, you got to release some solid stuff, otherwise... Mission accomplished here.
Wake the dead - Comeback Kid (2005) Manitoba

  Comeback Kid is one those bands that changed my way to play music, for real. Not that I ever liked them (they're weak IMO and their lyrics are fucking stupid), but when I played hardcore punk with my friends, they made me play this shit over and over, to the point when I drum my breakdowns always have something to do with Comeback Kid. Fuck this band !
State of discontent - The Unseen (2005) Massachussetts

Angry, rubbish and with one of the best 'Paint it black' cover on the market.







No matter where we go..! - Latterman (2005) New York

Endless Bummer - Bones Brigade (2006) Massachussetts

Impressive aggressive skate punk.







Canyoneer - No Trigger (2006) Massachusetts

Survive - Much the same (2006) Illinois

Keep your heart - The Loved ones (2006) Pennsylvania
Oh ! Calcutta ! - The Lawrence Arms (2006) Illinois








 
The great awake - The flatliners (2007) Ontario 
Nothing to prove - H2O (2008) New York









Dedicated to babies that came feet first - Cold World (2008) Pennsylvania

Well, if you want a really nasty dumb hardcore album with some touch of hip-hop, this is for you. Dirty music.

The american dream - Walls of Jericho (2008) Michigan

Alright, this one's a little bit borderline, I admit. Most of you would say this is a metalcore record, but when you look at the roots of those guys, no doubt they've always been faithful to the hardcore sound and imagery. Then in my own personal evolution from being a close-minded "only punk" asshole to a broader acceptance of other heavy and angry music genres, this record has a special place. This was "the record that was too much" for my fellow guitarist, making it the last hardcore punk record and the first metal record at the same time for our band. Played this shit 100 times while going to work aat the factory during this hot summer of 2008. Fucking memories.

Off the leash - The Real McKenzies (2008) British Columbia

 Bagpipes and most generally speaking celtic music give me headaches. This kind of crap rarely gives some bonus in rock music. AC/DC succeded ages ago and since them only the McKenzies and Rasta Knast reached their goal while introducing scottish national instrument into punk.


 
Aggression - Verse (2008) Rhode Island









Travels - Defeater (2008) Massachussetts

The last record my ex-guitarist recommended me. The end of an era, the hardcore punk days had lived.







All pigs must die - All pigs must die (2010)  Massachusetts

Very surprising stuff. I first thought this was an european act, but no those Americans know how to play good D-beat against every kind of scumbag ruling this planet.




 
The Black Pacific - The Black Pacific (2010) California

Maybe the best Pennywise record.
From the dumpster to the grave - Star Fucking Hipsters (2011) New York

 Fuck the supermarket life just as it fucks you !







Big kiss Good night - Trapped under ice (2011) Maryland

 Some internet french rock critic recommended this record because of its "vengeance" riffs. For once, an internet rock critic was right, nice one !






Reconquista - CJ Ramone (2012) New York

After a decade of records going only in the "more hardcore, rawer" direction, I gave this old school Ramones album a chance, and I found myself back in the old ramonescore catalog to my own surprise. Even if there's nothing too crazy on it, this record kinda hit me.
Masked intruders - Masked intruders (2012) Wisconsin









On the impossible past - The Menzingers (2012) Pennsylvania
Lost Remedies - Atrocity Solution (2013) Wisconsin

   Very intense music here with doom and crust elements. A must-hear.





 


NOFX and out come the wolves Dookie - World's scariest police chases (2013) Pennsylvania

The beauty between - RVIVIR (2013) Washington

Finally the favourite zine-writer poppy hipster band got some guts. Incredible, I know.
Con la Muerte a tu lado - Generacion Suicida (2013) California

That's blatant, those latinos are just Vicious-copycats but this record is just goddam perfect.
Tyranny of will - Iron Reagan (2014) California

The best crossover thrash record ever made. EVER.







Pressure -Bishops Green (2014) British Columbia

 Lyrics with heart and brain. Unexpected in the modern days.








When life comes to death - Young and in the way (2014) North Carolina

One thing was missing here : a good blackened crust album standing right between hardcore punk/D-beat and orthodox raw black metal to the point the listener didn't know what he exactly listened to. Unlike when they try to mimick europeans and play regular BM, american bands are quite good when it comes to mix both genres. Here it is, blackened crust in its purest form. Full circle.




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