jeudi 21 avril 2016

WAS IS'N NU MIT DER REVOLUTION ? - TAKE SHIT

(2008)


  Au départ il était prévu de vous parler de Silbermond, croix de bois, croix de fer... Silbermond est un de ces groupes de pop à chanteuse qui sont tout à fait recommandables (même si un peu trop gentillement pacifistes, mais bon c'est de la pop...), et dans une optique d'ouverture vers les sphères consuméristes et "normales" de la société, il aurait été de bon ton d'en parler ici même. Mais si, faîtes donc pas semblant, dans chaque soirée un peu hype il y a toujours un type bedonnant avec une barbe de 3 jours et un air trop parigo pour être honnête qui vous chope dans un coin quand il apprend par malheur que "la zik c'est votre truc". Alors il vous parle de ses albums cultes, comme quoi il écoute aussi du son extrême mais cet album de pop-là, c'est différent, il est vraiment bien et blablablabla, ça en finit pas et là vous êtes foutu. C'est dans ce genre de moment que vos yeux se brouillent, prennent l'aspect de ceux d'un merlan à l'étal poisson de Super U et que pendant que l'autre part dans son monologue masturbatoire, votre cerveau dans un mécanisme de préservation se met à faire défiler du punk rock bien décadent dans votre esprit.

  Tout ça pour dire, que Take Shit est exactement le genre de son adapté à cette situation. Groupe de fond du catalogue de Nix Gut (encore eux, oui, oui...), il n'en demeure pas fortement sympathique par certains aspects. Moins à la page que ses contemporains de Kasa ou Ni Ju San, les scheissenehmerz se rapprochent en influences que de bons groupes 100 % approuvés par richtermusik : Dritte Wahl, Chefdenker, No Exit, Alarmsignal, Loikaemie, Splash et j'en passe. Bien crasseux, avec une sonorité résolument 80er le combo s'enfonce dans un punk rock continental et simpliste au premier abord qui flirte avec délice avec le proll-punk de base mais sans trop forcer sa nature. Les rythmiques sont évidentes, dans un tempo pas trop rapide et sans D-beat, la basse est bien ronde et mise en évidence, les guitares vous assènent des riffs assassins sur les 14 pistes de cette galette d'anthologie. Les hymnes au Zusammenhalt prolo pré-anar vous sont délivrés les uns après les autres, sans pitié avec tout le respect dû à l'orthodoxie keuponne. 'Kein Bock', 'Dummkopf', 'Punk Rock', 'Geld', 'Pass auf' s'enchaînent sans pitié et on redemande tant les passages épiques, nerveux ou purement old school s'emboîtent bien les uns aux autres.

  Musicalement on touche donc les groupes mythiques des débuts de punk allemand bas du front, mais au niveau des paroles on retrouve tout autant l'attitude bornée et irrévérencieuse des formations restées trves (Ich hab' kein Bock, Ich tu was ich will ! / Die Nazis saufen so wie ich... ). Loin des grosses déclarations d'hostilité au Système Take Shit met surtout l'accent sur la bêtise très ordinaire des humains normaux entourant les asociaux comme vous et moi. Avec un œil espiègle sur ce qui les entoure, les Take Shit nous livre en quelque sorte leurs pensées face aux individus à la con que l'on est forcé de se coltiner par la force des choses. Toutes ces choses politiquement incorrectes, qu'il ne faut surtout pas dire à voix haute -on ne sait pas trop pourquoi d'ailleurs-, les Take Shit ne se les gardent pas pour eux, au risque de surcharger leur mécanisme freudien de refoulement. Non, ils en font des chansons. Le tout est délivré par un chant clair, simple et efficace, exemplaire assisté de chœurs judicieux. Que demande le peuple ?

  Au final, les fonds de catalogue se révèlent parfois surprenamment bons. Un album pour ceux qui aiment leur punk un peu cradingue, effronté et fidèle aux grands des années 80, loin des dérives à brûle-pourpoint trop émotives de ces dernières années.




Recommandé : tout mais surtout
- 'Dummkopf'
- 'Tolerant und dumm'
- 'Pass auf'
- 'Überwachung'
- 'Alles Scheisse'
- 'Kein Bock'

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