Affichage des articles dont le libellé est death metal. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est death metal. Afficher tous les articles

mardi 12 juillet 2022

DER LETZTE MOND VOR DEM BEIL - TOTENMOND

 (2016)

 Vous-êtes vous déjà senti en prison, attendant patiemment votre jugement, tournant en rond, les mains croisées et les membres raides, avant un combat qui se profile et qui sera votre dernier ? Avez-vous déjà connu cette sensation d'impuissance et de soumission aux éléments extérieurs ? Le fait que vous n'ayez aucune prise sur les pensées du juge et que votre funeste sort ne fait pas un pli. "Une dernière lune avant la hache de guerre", hein ? Le désespoir qui alimente une colère sourde mais vaine. Hé bien, voilà ce qui transpire de cet album, voilà ce qui le caractérise. Fin du texte, merci et euh... bon, allez pour vous, détaillons un peu plus tout de même.

 Totenmond, la lune des morts, voilà un nom qui n'est pas inconnu de ceux qui auront parcouru ce blog miteux. Loin d'être un groupe récréatif, le trio puis duo du Baden-Württemberg, douce Heimat, est de l'engeance qui vient sournoisement vous prendre au cœur, qui saura patienter avant de grandir en vous et de ne plus jamais partir. Fondé comme un groupe de deutschpunk de seconde zone à la fin des années 80, s'inspirant de la matrice de cette époque (Chaos Z, Razzia, Slime, OHL, Inferno, tels étaient les dieux de ce temps-là) il a par la suite réussi à s'en extraire, incorporant des éléments novateurs en 1990, tremolos black et death, tempos doomeux. Un mélange d'influence maitrisé et rare. Spécialiste des compositions faussement simples, tout comme leurs compatriotes malfaisants d'Eisregen, c'est bien sûr avec leur album de reprises 'Auf dem Mond ein Feuer' de 2001 que votre serviteur a commencé personnellement à prêter une oreille aux sons extrêmes. 'Thronräuber' suivit et reste une référence absolue, indépassable, au point que 'Schwarz als Zweck' reste la seule reprise de metal que j'ai jamais joué devant public (après accord du groupe, super sympa au demeurant). Leur dernier effort en date, sorti il y a 6 ans de cela, ne m'avait pas plus convaincu que cela à l'époque, une première déception pour un groupe jusqu'ici parfaitement intransigeant et intransigeament parfait. Alors pourquoi en parler alors aujourd'hui ? Hé bien parce qu'il y a quelque chose à l'intérieur de cette galette, quelque chose qui accroche, et qui s'est réveillé récemment, au point de hanter mon sommeil ces dernières semaines.

Totenmond c'est avant tout une histoire de rythmes. Tribaux, ronds, bien placés sur les tomes, agressifs mais presque dansants. 'Blut auf krank', absolument génial, dans son approche tout comme 'Fort von Gott' vous le rappeleront. On retrouve ici tous les poncifs du groupe, riffs gras, passages sludges/dooms bien lents ('Kehrwoche Sommerschnee auf Golgotha'), alternant avec des parties plus frustres dans la droite ligne du vieux deutschpunk. La recette ne change pas d'un iota, mais c'est bien dans l'exercice de style que se cachent les détails de l'évolution du groupe. La fatigue apparait et certaines choses commencent à tomber à plat, notamment 'Tötet den König' et son air de foire à la saucisse sauce Hellfest, ou les passages plus atmo de 'Zu den Waffen', 'Gitköder'. Un essoufflement certain point même en toute fin d'album, culminant avec le massacre qu'est la reprise de Deep Purple (vraiment, qu'est-ce qui vous a pris ?!?), puis la piste à l'orgue, 'Die Salbung'. Une faute de goût sérieuse, un point final de carrière particulièrement raté qui est à mettre en balance avec l'excellent titre d'ouverture, tout en tension, ou les saillies  deutschpunk résurgentes. Le cliché rammsteinien n'est pas toujours loin ( la voix au microphone sur 'Hölle mit Hof') mais pour l'essentiel on retrouve la patte qui a fait la renommée relative de la formation.

Les paroles sont comme à l'habitude très travaillées, et oscillent entre simplicité punk, toujours dans la fidélité aux idoles d'antan, et références à de l'allemand poétique ancien, flirtant avec les poèmes des sagas païennes d'antan. Une tentation archaïsante qui vient nourrir des paroles sombres et cryptiques, que l'on devine habitées par les mauvaises consciences de la Germanie ancienne. Métaphorique, guerrier, désespéré, courageux, parfois pompeux ou abscons, le style de Totenmond reste unique et percutant. Allié de la musique, en symbiose avec elle, chacun y verra ce qu'il y voudra, et même si les attaques contre le christianisme et un certain satanisme inquiétant peuvent parfois affleurer, l'esprit de ces sombres poèmes puisent bien plus aux racines de la culture allemande et de la contestation anticaptialiste que dans les messes noires. Cela se traduit également dans le chant, pas encore guttural comme du death, déjà plus punk hormis dans son phrasé. Évidemment, Pazzer en fait des tonnes, mais il use de sa voix comme d'un instrument placé au milieu du reste, et non comme c'est souvent le cas au-dessus. L'expertise est donc toujours là et l'expérience paye, l'atmosphère d'urgence et de défiance, la noirceur mais aussi la force persistent, heureusement.

Au final, un album inégal voire assez mauvais parfois mais possédant encore assez de bravoure pour arracher quelques spasmes. Oui, une dernière braise de la machine de guerre allemande qui aura secoué son petit monde, aux confins entre deutschpunk, doom sludgy et death metal. Une dernière lune avant la condamnation et l'oubli éternel, définitivement. Merci et au revoir.


 

Recommandé :

- 'Die Entheilung des blasphemischen Josef und der ewige Regen', Der Regen war der Teufel.

- 'Hölle mit Hof', Chaos Z worship.

- 'Blut auf krank'

- 'Fort von Gott'


我想你. 不再和你说话是一种折磨. 再也见不到你就像慢慢死去.


 

dimanche 27 septembre 2015

MOTORSÄGE - INKASSO MOSKAU

(2015)


  Dans mon post précédent je passais en gros mon temps à me plaindre en anglais que ma vie était difficile jadis, que j'étais un pauvre petit et blabla et blablabla... Pour redresser un petit peu la ligne éditoriale de ce navrant blog, je vais donc vous convier -auf französisch natürlich- à vous livrer mes impressions sur un album bien sale comme vous les aimez. Certes il y a eu pas mal de galettes venant d'horizons divers ce mois-ci, et de dans tous les styles, mais c'est avec celui-ci que je vais relancer cette bonne vieille mule qu'est richtermusik. Asseyez-vous confortablement, graissez vos tympans, on y va.

  La Sainte Patrie Germanie a celà de bon qu'elle enfante des groupes avec de vraies racines punk à la pelle, et qu'en général ils restent relativement fidèles à leurs inspirateurs, même lorsqu'ils vont voir un peu ailleurs et se décident à incorporer des éléments plus exotiques. Nous venant directement d'Osnabrück, Basse-Saxe, le combo déboule d'emblée avec un 'Nicht besser.Neuer' à la première partie dévastatrice. Du sludge épais et malsain au possible que l'on ne pensait pas forcément retrouver en keuponnie allemande. Ce morceau d'attaque est tout à fait révélateur de l'esprit du groupe qui se situe dans le magma hardcore/sludge/death des premiers jours avec toujours de fortes réminiscences de punk hardcore, pour le coup plus américain qu'allemand. C'est donc autant une musique d'ambiance que droit-dans-la-face à laquelle nous sommes invités à assister, à l'image des premiers Sepultura période 'Arise' . On trouvera ainsi des accélérations bien marquées comme sur 'Das gibt Ärger' ou sur le bien mal nommé 'Wir kommen in Frieden', les plus 80er deutschpunk du lot, ou des ambiances puisant dans les classiques de l'extrême ('Aufregen' et son passage black), ce qui devrait suffire à faire plaisir aux amateurs de son "non-mainstream". Les éléments les plus convaincants de cette recette étant certainement que les parties punk sont vraiment punk (avec D-beat et tutti quanti) et que le dosage est bien équilibré sur l'ensemble de la galette (pas d'overdose de drop ou de double-pédales, pas de solo foireux).

  Au niveau du chant on retrouvera par contre avec plaisir, une voix dans la plus grande tradition du deutschpunk ras-du-front (plutôt orienté 80er pour les plus spécialistes d'entre vous), à la Vorkriegsjugend. La production légèrement étouffée rend justice à ce chant  typé ainsi qu'aux sonorités de langue de Goethe, sèches et intransigeantes, idéale pour camper une atmosphère pesante et menaçante. Les paroles, parfois difficilement intelligibles il est vrai, viennent compléter ce panorama plutôt sombre et désolé, où flotte l'incompromission et la rancœur (les "Arme Schweine" scandés de 'Frei zu atmen' donnent le ton). Assisté parfois de chœurs  puissants, le frontman nous livre une vision crépusculaire terrifiante car ô combien terre-à-terre, bien plus efficace que le charabia satanique avec lequel on nous a rabattu les oreilles pendant 20 ans.

  Au final, depuis le temps que les styles jugés comme extrêmes se côtoient il était tout naturel de voir émerger ce genre de production au mitan de bien des horizons. Le fait qu'un groupe allemand amène le savoir-faire (anti)national est par contre une réelle bonne surprise. Un album comme disent les collègues de Thrasho et Métalorgie "solide", c'est-à-dire qu'il ne marquera pas une génération de fans en délire mais suffisamment peaufiné et radical pour qu'on s'y retrouve.



Recommandé :
- 'Aufregen'
- 'Nicht besser. Neuer'
- 'Wir kommen in Frieden'

Articles aléatoires

Blogger