vendredi 24 avril 2015

IMMER WENN ICH MUSST DU - SUPERNICHTS

(2010)


 Avant d'aborder frontalement le cœur du sujet je vais vous parler un peu de ma vie, puisqu'un blog est essentiellement une mise en avant narcissique d'un individu. Tous les jours ou presque pour me rendre sur mon lieu de servitude appelé "entreprise" je traverse deux zones bien distinctes : une grosse banlieue, bien grise, bien dégueu, bien française dans le fond malgré ce qu'en dit le FN, et ensuite un joli petit coin résidentiellement ennuyeux avec des gens tatillons et attachés à leurs rosiers. Je déteste les deux à peu près autant, les prosélytes nouveaux et les joggingmen valant dans le fond les MGEN à la retraite et les propriétaires votant PS "parce que ce sont des gens biens". Si vous avez un peu trainé sur richtermusik, vous savez que je me suis fortement intéressé à la mouvance punk, et plus particulièrement à son expression allemande. On trouve un peu de tout dans la keuponnie germanique, depuis le gros hardcore furax anti-capitaliste, anti-national et anti-religion jusqu'au pop-punk le plus juvénile et faussement inoffensif. Jusqu'ici j'ai beaucoup parlé des groupes haineux typés "Banlieue", il est temps d'aborder le côté "Suburbia". Et personne en Germanie n'exprime le vide inhérent à cette zone que Supernichts.

 Supernichts ou en VF " Super rien" -tout un programme-, est loin d'être un groupe débutant. Fondé en 1993, ils ont pondu une tripotée d'albums tous plus ou moins sympas et abordant essentiellement la stupidité de la vie quotidienne dans les zones qu'il est convenu d'appeler "pavillonnaires, essentiellement blanches et de classe moyenne". Leur dernier effort en date n'est pas bien différent au niveau des thèmes abordés mais il tape toujours autant là où ça fait mal avec des textes mi-ironiques mi-descriptifs. Oubliez la quincaillerie classique antifasciste, embrassez la réalité bien concrète et bien plate de nos vies. Depuis le début du punk il y a des groupes qui délaissent la lutte des classes pour mieux nous raconter des tranches de vie mettant particulièrement en lumière les contradictions de notre société occidentale (les autres on s'en bat les steaks, elle sont encore plus caricaturales trolololololo). Ainsi on a régulièrement droit à des histoires d'amour vides ('Nur du und ich un Dr Hartz', 'Gesternauseinandergelebt' ), des hymnes au rien du tout ('Die blöde Welt','Schlecht in kleinen Dingen') , et quelques regrets diffus quant au manque d'alternative viable à ce fatras illusoire appelé civilisation. Mieux que de regarder un journal de Jean-Pierre Pernaut ou TPMP en s'étouffant tellement le spectacle est navrant.

  Musicalement je vous le dit d'emblée si vous aimez le ramonescore un peu péchu, c'est l'orgie. Sur les 20 morceaux, il y en a 18 qui envoient du pâté du début à la fin. Si vous avez retourné 'Insomniac','Milo goes to college' ou les premiers Terrorgruppe, jettez-vous sur Supernichts ! Les morceaux sont courts, simples, furieusement mélodiques et vous scotchent dès la première seconde tant de par leur songwriting doux-amer que par l'énergie dégagée par le groupe. Un doux parfum d'années 90 flotte sur l'ensemble mais le propos est des plus maitrisés entre des choeurs bubble-gum, des solis bien rocks des plus réussis et une production quasi-parfaite venant mâtiner ce bon vieux son punk tirant juste ce qu'il faut sur la pop.
  Certes la musique en elle-même dévoile son ingénieuse composition au fil des écoutes, mais le chant lui aussi vous colle de suite dans les tympans. Claires, simples, sans trop de sonorités volksmusik les lignes mélodiques sont idéales pour être apprises rapidement. Le chant donne une réelle plus-value à l'ensemble et assène le côté pop, joyeux, mutin la plupart du temps sauf lorsqu'il se fait plus mélodique, éclairant les textes sous un angle plus mélancolique ('Welcome to bungalo ghetto', 'Dass endlich mal was anfägt','Mittelscheitel'). Seules petites erreurs sur la galette, une ballade au texte bien vu mais à l'instru trop convenue ('Ihr mal wieder') et 'Im Flaschenmeer' trop rock teutonique pour moi.

  Au final, un excellent album de pop-punk qui reprend là où les choses en étaient restées début 2000 mais le fait rudement bien. Un des skeuds que j'ai le plus déglingué cette année ! Comme je le dis souvent sur ce blog, un pure pépite made in Germany qui s'attaque à Suburbia en jouant sur toutes les émotions et en nous racontant des histoires simples mais pleines d'esprit. Le punk c'est parfois la politique de ceux qui n'aiment pas la politique mais parfois c'est aussi juste une critique de la société beaucoup plus facile à embrasser. Pourquoi choisir entre le A cerclé et l'épingle à nourrice ?





Recommandé : globalement tout mais encore plus :
- 'Gabi und Peter', histoire d'amour si commune et si vide de sens
- 'Dass endlich mal was anfägt', ce pourquoi on en est toujours là
- 'Wo ist Frank Farian wenn Mann ihn braucht ?' c'est vrai ça hein ?!
- 'Keine Art', keine Frage das war super...
- 'Welcome to bungalo ghetto' ô Suburbia


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