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mardi 23 février 2021

SCHILLERNDE SINFONIEN IN UFTA DUR - SPERMÜLL HEINZELMÄNNCHEN

 (2020)

Parlons peu, parlons bien. 10 min 40 pour un EP de 5 pistes et un intermède plein de bons sentiments et d'accords soyeux. Ça suffit, pas besoin de plus, parfois il faut aller droit au but.

 On commence directement par un titre au raffinement tout relatif mais tellement efficace. 'Ich muss kacken' vous remet droit dans la tête ce qui a fait les scènes de la Bundesrepublik du mitan des années 80 : l'incompromission, l'instinct et la puissance agressive qui avaient fait briller les formations désormais légendaires (Chaos Z, Hass, Toxoplasma, Boskops, vous connaissez la litanie à présent) avec ce son de guitare grave et éthéré à la fois qui prend aux tripes à coup sûr. 

Mais loin de trouver un groupe copie-carbone des grands anciens, on peut déceler ici de nombreuses influences venant enrichir les compositions, tout en puisant essentiellement dans le terreau sous-culturel allemand, exposant un savoir-faire certain et une maîtrise des classiques et des codes. En témoigne la reprise magnifiée et terriblement efficace de Telekoma, autre groupe poursuivant dans la lignée 80er sans pourtant être issu de cette période temporelle.  Si les rythmes de batterie et la basse sont bien dans l'orthodoxie, il en va tout autrement pour les guitares. Englobantes, stridentes par moment, urgentes, planantes le travail d'ambiance est assez fou, les différentes couches et sous-couches amenant la véritable plus-value. On en voudrait plus tout simplement.

Pour le chant on se retrouvera par contre avec des voix gutturales plus proches des formations Oi! voire streetpunk bas-du-front, à l'image de Loikamie, Krawallbrüder ou Berliner Weisse (vous connaissez aussi la litanie), influences dont la formation ne semble pas rougir sans pour autant trop les mettre en avant. Si sur le papier le mélange semble indigeste, ici cela passe tout naturellement et ce décalage confère une identité, une couleur intéressante, démarquant les pistes du flot commun.  Le grain bileux, rauque, les chœurs, toutes les ficelles sont bien exploitées et pour peu que cela vous parle, l'ambiance poisseuse, transpirante et ouvrière n'en sera que plus efficace.

Fidélité à une façon de faire, mais aussi une façon de penser la musique a minima, ou même la vie au plus large. Bien que relativement apolitique, le propos n'en reste pas moins punk, somme toute énervé et rentre-dedans, flirtant avec la proll Oi des plus crades. La vie est de la merde, les autres font chier, alors autant se saouler jusqu'à en vomir. La bière est votre amie pour oublier ce monde de merde en somme. Un propos qui ne prend aucun gant, discutable bien sûr, pas constructif évidemment, mais jouissif par moment !  Une approche très allemande, très deutschpunk de cité, exprimée à merveille sur cette pochette et ce jusque dans le détail du logo UFTA (les vrais savent). Mais justement c'est ça, qui fait tout l'intérêt du truc !

Au final, une grosse, grosse claque dans la gueule, histoire de commencer 2021 avec au moins quelque chose de bon dans les esgourdes. Bref, la formation de Dresde est à suivre !
 


https://sperrmuellheinzelmaennchen.bandcamp.com/releases

 Recommandé plus particulièrement:
- Dein Projekt ist mir scheissegal (LE morceau à mettre en avant !)
- Ich muss kacken 
- Neues Bier am Tisch

mercredi 2 mars 2016

DREI LEGENDEN VERSUCHEN JETZT, DEUTSCHLAND ZU FICKEN - DIE SHITLERS

(2014)


Richtermusik.blogspot a une mission, amener le punk rock germain aux incultes masses francophones et accessoirement rester nummer eins des blogs personnels abordant le sujet sur la première page Google. Noble cause, non ? Et pourtant, et pourtant... votre humble serviteur a bien failli ne plus porter sa lourde croix à cause d'une "fille vraiment bien". Oui, oui, oui. Bien pronto, j'avais rangé mes albums estampillés "anarchie musicale", des fois que l'élue de mon cœur, un brin conservatrice et germanophobe, tombe dessus. Mais voilà on ne trompe pas sa nature profonde bien longtemps et quand elle m'a demandé pour la deuxième fois avec un air suspicieux ce que j'écoutais vraiment comme musique, j'ai eu beau répondre "oh du rock, tu sais... les classiques", j'ai bien vu la tête de Shitler Junior qui me narguait depuis les rangements de portières où je l'avais bien planqué. Et il se foutait de ma gueule j'ai bien l'impression.

 En effet, les Shilters et moi on partage pas mal de choses, et je vous les recommande vraiment, parce qu'au fond je suis sûr qu'ils vous plairont autant qu'à moi. Groupe récent issu de Bochum -charmante bourgade s'il en est- les Shitlers ont grandi à la fin des années 90 avec les catalogues de Fat Wreck et Epitaph Records matraqués dans leurs esgourdes avant de se tourner vers les artistes plus nationaux et locaux de leur environnement. Ils sont dépressifs, et se détestent parce qu'ils savent qu'ils sont juste une bande de petit cons irrécupérables et irrespectueux même s'ils portent des cravates au taf. Bref, quand je les entends, moi je vois ma vie, les souvenirs diffus de ma jeunesse et de son absence de sens qui défilent devant moi.

  Le punk rock qu'ils délivrent est léger, sensible, mélodique mais n'oublie pas pour autant d'être assez crasse pour ne pas virer vers l'emo merdique. Die Shitlers on traîné dans la rue et écumé les groupes locaux à chier, on le sent. Accessible mais avec suffisamment de passades techniques pour ne pas devenir ennuyeux, leur punk est un quasi-sans faute, appelant à lui une multitude d'influences ('Die Rancid-NOFX split CD', 'Die Shitlers bewerten Bands', 'Jede Stadt') dont ils ne se cachent même pas. De légères touches de Oi, des solis sympathiques et une indéboulonnable base ramonesque, voilà ce qui vous attend ici sur fond de riffs hyper efficaces. Une seule pénible ballade acoustique est à déplorer, 'Ihr scheiß Sonderpädagogen seid doch selber behindert' qui malgré ses paroles amères n'est pas parvenu à me convaincre. Cet esprit légèrement frondeur se retrouve d'un bout à l'autre de l'album et ce jusque dans le chant,  faussement faux mais jamais bileux, toujours sur la brèche, idéal pour débiter tout ce que les Shittys ont sur le cœur.

  Car en effet sur les 18 pistes délivrées ici on a plus droit à une chronique personnelle et très axée sur les expériences de rue -musicales ou non- qu'à un brûlot politique. Régulièrement agrémenté des toujours jouissifs extraits audios d'interviews "colorées" de pointures en musicologie, de prédicateurs barbus ('100% haram' feat. P.Vogel), ou des grosses brutasses gangsta de service ('Oi und rap'), les textes sont excessivement travaillés. Tout y passe, et surtout les connards qui ont toujours un avis sur tout, et généralement contraire à celui des Shitlers bros. Entre réglages de compte et souvenirs d'une jeunesse déjà envolée, le groupe ne choisit pas vraiment et nous livre de front ses impressions sur les deux tableaux. Une trace de culpabilité est également palpable un peu partout, les Shitlers savent qu'ils ne sont que des faux punks de merde, une bande de gosses paumés, mais ils ont compris qu'ils ne pourraient jamais lutter contre leurs premiers amours.

 Au final, un excellent album de punk rock qui parlera à tous les petits cons qui ont un jour trainés dans la rue sans en tomber dans les pièges les plus grossiers.





Recommandé plus particulièrement :
-'Oi und rap'
-'Jede Stadt'
-'Die Shitlers bewerten Bands'
-'Die Rancid-Nofx Split-CD'
-'Dumm und ignorant (ähnlich so wie Boa bist du blöd # längeres gerede mit Musik), 11 min !
-'Andreas Holz'




Dédié à toi. Hello Nomi. Adieu Nomi...

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