mercredi 2 mars 2016

DREI LEGENDEN VERSUCHEN JETZT, DEUTSCHLAND ZU FICKEN - DIE SHITLERS

(2014)


Richtermusik.blogspot a une mission, amener le punk rock germain aux incultes masses francophones et accessoirement rester nummer eins des blogs personnels abordant le sujet sur la première page Google. Noble cause, non ? Et pourtant, et pourtant... votre humble serviteur a bien failli ne plus porter sa lourde croix à cause d'une "fille vraiment bien". Oui, oui, oui. Bien pronto, j'avais rangé mes albums estampillés "anarchie musicale", des fois que l'élue de mon cœur, un brin conservatrice et germanophobe, tombe dessus. Mais voilà on ne trompe pas sa nature profonde bien longtemps et quand elle m'a demandé pour la deuxième fois avec un air suspicieux ce que j'écoutais vraiment comme musique, j'ai eu beau répondre "oh du rock, tu sais... les classiques", j'ai bien vu la tête de Shitler Junior qui me narguait depuis les rangements de portières où je l'avais bien planqué. Et il se foutait de ma gueule j'ai bien l'impression.

 En effet, les Shilters et moi on partage pas mal de choses, et je vous les recommande vraiment, parce qu'au fond je suis sûr qu'ils vous plairont autant qu'à moi. Groupe récent issu de Bochum -charmante bourgade s'il en est- les Shitlers ont grandi à la fin des années 90 avec les catalogues de Fat Wreck et Epitaph Records matraqués dans leurs esgourdes avant de se tourner vers les artistes plus nationaux et locaux de leur environnement. Ils sont dépressifs, et se détestent parce qu'ils savent qu'ils sont juste une bande de petit cons irrécupérables et irrespectueux même s'ils portent des cravates au taf. Bref, quand je les entends, moi je vois ma vie, les souvenirs diffus de ma jeunesse et de son absence de sens qui défilent devant moi.

  Le punk rock qu'ils délivrent est léger, sensible, mélodique mais n'oublie pas pour autant d'être assez crasse pour ne pas virer vers l'emo merdique. Die Shitlers on traîné dans la rue et écumé les groupes locaux à chier, on le sent. Accessible mais avec suffisamment de passades techniques pour ne pas devenir ennuyeux, leur punk est un quasi-sans faute, appelant à lui une multitude d'influences ('Die Rancid-NOFX split CD', 'Die Shitlers bewerten Bands', 'Jede Stadt') dont ils ne se cachent même pas. De légères touches de Oi, des solis sympathiques et une indéboulonnable base ramonesque, voilà ce qui vous attend ici sur fond de riffs hyper efficaces. Une seule pénible ballade acoustique est à déplorer, 'Ihr scheiß Sonderpädagogen seid doch selber behindert' qui malgré ses paroles amères n'est pas parvenu à me convaincre. Cet esprit légèrement frondeur se retrouve d'un bout à l'autre de l'album et ce jusque dans le chant,  faussement faux mais jamais bileux, toujours sur la brèche, idéal pour débiter tout ce que les Shittys ont sur le cœur.

  Car en effet sur les 18 pistes délivrées ici on a plus droit à une chronique personnelle et très axée sur les expériences de rue -musicales ou non- qu'à un brûlot politique. Régulièrement agrémenté des toujours jouissifs extraits audios d'interviews "colorées" de pointures en musicologie, de prédicateurs barbus ('100% haram' feat. P.Vogel), ou des grosses brutasses gangsta de service ('Oi und rap'), les textes sont excessivement travaillés. Tout y passe, et surtout les connards qui ont toujours un avis sur tout, et généralement contraire à celui des Shitlers bros. Entre réglages de compte et souvenirs d'une jeunesse déjà envolée, le groupe ne choisit pas vraiment et nous livre de front ses impressions sur les deux tableaux. Une trace de culpabilité est également palpable un peu partout, les Shitlers savent qu'ils ne sont que des faux punks de merde, une bande de gosses paumés, mais ils ont compris qu'ils ne pourraient jamais lutter contre leurs premiers amours.

 Au final, un excellent album de punk rock qui parlera à tous les petits cons qui ont un jour trainés dans la rue sans en tomber dans les pièges les plus grossiers.





Recommandé plus particulièrement :
-'Oi und rap'
-'Jede Stadt'
-'Die Shitlers bewerten Bands'
-'Die Rancid-Nofx Split-CD'
-'Dumm und ignorant (ähnlich so wie Boa bist du blöd # längeres gerede mit Musik), 11 min !
-'Andreas Holz'




Dédié à toi. Hello Nomi. Adieu Nomi...

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