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mardi 13 avril 2021

PROBLEME - PIEFKE

 (2021)

 Comme le dit l'adage, tout le monde a des problèmes. Si, si. Vous, moi, les grands de ce monde, les chiens, les chats, tout le monde qu'on vous dit. Alors que l'on pourrait trouver cela dommage au premier abord, peut-être ne saisissons-nous pas notre chance tout simplement. Car sans problèmes, c'est la félicité béate et immobile, l'ennui et la stagnation, ni plus ni moins. Alors oui, les problèmes font chier, bien évidemment, mais ils font que les choses bougent. Ils foutent les nerfs et nous poussent à agir, à réfléchir, à brailler et parfois à monter un groupe de punk (vous l'aviez pas venu venir celle-la hein).

  Relativement jeune formation de Leipzig, Piefke est un de ces "bébés-bandcamp" que l'on saura apprécier pour son rapport direct entre eux et l'auditeur. C'est toujours un plaisir de couper le quotidien avec une veille bibliographique deutschpunk, et tomber au détour d'un clic sur ce genre de petites formations en devenir (ou non). Et cette fois-ci ce qui a fait mouche, c'est cette couverture qui malgré un certain style graphique assez cartoonesque n'en possède pas moins des relents d'une vie bien prolo au milieu de ces charmants HLM à l'allemande, différents des français à matrice communiste et "vite, vite, faut que je rapatrie des millions d'ex-coloniaux avant de la fin de l'année". En Allemagne on reste sur du bon reliquat collectiviste national-socialiste, ploutocrate, méprisant, avec du béton sans pitié et des murs de plus de 3 mètres d'épaisseur des fois que le pays se fasse bomber. Mais on est pas sur un blog d'architecture, donc passons au cœur du sujet, première à droite, oui c'est refait à neuf ici.

 Musicalement toutes les cases du cahier des charges sont remplies, rien à dire. Malgré un mid-tempo omniprésent ou certains poncifs classiquement éculés, le tout est bien amené et quelques saillies intelligentes viendront éclairer un album convenu. Convenu, oui c'est bien le mot. Ce n'est pas innovant, ce n'est de loin pas mauvais, non, non, c'est un album "solide" à n'en pas douter, avec quelques moments de punch bien sentis. Les roulements, les cassures rythmiques, les lignes secondaires de gratte, une basse un peu ronde et craquante, tout y est, même le petit solo rock'n'roll. Prenez note et appliquez si vous voulez sortir votre premier LP, franchement. Mais pour ceux d'entre vous qui aurait connu la vague française officiant en anglais à accent parisien du début des années 2000 (Burning Heads, c'est vous, oui), ça vous fera certainement bizarre, très bizarre même, de retrouver cette façon de faire mais avec quelques ajustements aux scènes allemandes. Difficile de ne pas sentir sur l'intro de 'Satellitenstadt' l'influence du premier Abwärts, ou bien un parfum de the Lost Lyrics ou encore Supernichts, Kasa, Thanheiser ou même Kann Ich Mit Leben. Bref que des groupes de seconde zone de l'époque, l'underground de l'underground, ni trop mélo, ni trop hardcore, du genre qu'on invoque pas souvent malgré leurs mérites. Personnellement je n'ai jamais vu ça et je dois bien avouer ma perplexité initiale, car typiquement ce punk rock franchouillard américanisé était si insipide qu'il a contribué à me jeter éperdument dans les productions d'Outre-Rhin. C'est précisément pourtant ce mélange inattendu qui a retenu mon attention et paradoxalement m'a donné l'envie de vous en parler ici (une petite larme pour les 5 personnes qui liront au maximum ces lignes, toussa, toussa).

  Le chant rudement bien mené, impeccable, avec un timbre de voix ni trop mélodique, ni trop agressif, parfait pour ce genre de compos, nous est délivré avec une régularité à respecter. Les chœurs, eux aussi sont usés avec une parcimonie avisée, toujours au bon moment, sur la bonne montée en intensité de la batterie. Les leçons en efficacité ont été bien retenues là aussi. Rien ne dépasse, tout est carré, les lignes mélodiques du chant se conjuguent parfaitement avec le reste. Les textes sont variés et touchent à des thèmes universels et très contemporains dans notre monde globalisé. Le groupe d'ailleurs nous indique clairement comment situer ses textes et sur quels thèmes : la gentrification, la guerre, l’État envahissant et la répression, l’égoïsme, le "populisme", le racisme, on a droit à un véritable panorama du "Pourquoi et comment la société c'est de la merde man". Alors que cela pourrait sonner creux, un esprit à l'ancienne, ne voulant pas fermer les yeux sur certaines réalités et une bonne dose de sarcasme permettent de faire vivre l'ensemble. Une attitude à saluer, ce retour aux sources du deutschpunk est franchement bienvenue après près de 23 années de noyautage du punk par les milices à drapeau rouge sur noir, financées par on ne sait qui, pour on ne sait quel idéal, mais certainement pas pour l'Anarchie ou le No Future prônées initialement par la frange la plus pionnière du "mouvement".

 Au final, un peu comme the Slits en son temps, le propos est intelligent, il n'y a rien à dire sur le plan technique mais pourtant à la première écoute le tout sonne quelque peu plat et écouté plus de 10 000 fois, malgré des pointes de fulgurance jouissives qui sauront vous retenir si vous leur laissez une seconde chance. Rien de revolutionär donc mais un bon album cependant pour ceux qui seraient intéressés par un album de veine traditionnelle, obédience fin 90er-début 00er (même si le groupe se réclame de l'esprit des années 80), dans un trip archéologico-nostalgique. Je n'oserais pas vous dire, "album solide, quelques moments de bravoure mais cette galette souffre de quelques...", non je n'oserais pas, on est pas aux Inrâucks ou chez Téléaroma ici hein.


 

 https://piefke.bandcamp.com/album/probleme

Recommandé :
- 'Stumpf', ich hab' keine Motivatioooooon !
- 'NDV'
- 'Kein Gott'la plus rentre-dedans
- 'Satellitenstadt', la meilleure.
- 'Schablone'

dimanche 27 septembre 2015

MOTORSÄGE - INKASSO MOSKAU

(2015)


  Dans mon post précédent je passais en gros mon temps à me plaindre en anglais que ma vie était difficile jadis, que j'étais un pauvre petit et blabla et blablabla... Pour redresser un petit peu la ligne éditoriale de ce navrant blog, je vais donc vous convier -auf französisch natürlich- à vous livrer mes impressions sur un album bien sale comme vous les aimez. Certes il y a eu pas mal de galettes venant d'horizons divers ce mois-ci, et de dans tous les styles, mais c'est avec celui-ci que je vais relancer cette bonne vieille mule qu'est richtermusik. Asseyez-vous confortablement, graissez vos tympans, on y va.

  La Sainte Patrie Germanie a celà de bon qu'elle enfante des groupes avec de vraies racines punk à la pelle, et qu'en général ils restent relativement fidèles à leurs inspirateurs, même lorsqu'ils vont voir un peu ailleurs et se décident à incorporer des éléments plus exotiques. Nous venant directement d'Osnabrück, Basse-Saxe, le combo déboule d'emblée avec un 'Nicht besser.Neuer' à la première partie dévastatrice. Du sludge épais et malsain au possible que l'on ne pensait pas forcément retrouver en keuponnie allemande. Ce morceau d'attaque est tout à fait révélateur de l'esprit du groupe qui se situe dans le magma hardcore/sludge/death des premiers jours avec toujours de fortes réminiscences de punk hardcore, pour le coup plus américain qu'allemand. C'est donc autant une musique d'ambiance que droit-dans-la-face à laquelle nous sommes invités à assister, à l'image des premiers Sepultura période 'Arise' . On trouvera ainsi des accélérations bien marquées comme sur 'Das gibt Ärger' ou sur le bien mal nommé 'Wir kommen in Frieden', les plus 80er deutschpunk du lot, ou des ambiances puisant dans les classiques de l'extrême ('Aufregen' et son passage black), ce qui devrait suffire à faire plaisir aux amateurs de son "non-mainstream". Les éléments les plus convaincants de cette recette étant certainement que les parties punk sont vraiment punk (avec D-beat et tutti quanti) et que le dosage est bien équilibré sur l'ensemble de la galette (pas d'overdose de drop ou de double-pédales, pas de solo foireux).

  Au niveau du chant on retrouvera par contre avec plaisir, une voix dans la plus grande tradition du deutschpunk ras-du-front (plutôt orienté 80er pour les plus spécialistes d'entre vous), à la Vorkriegsjugend. La production légèrement étouffée rend justice à ce chant  typé ainsi qu'aux sonorités de langue de Goethe, sèches et intransigeantes, idéale pour camper une atmosphère pesante et menaçante. Les paroles, parfois difficilement intelligibles il est vrai, viennent compléter ce panorama plutôt sombre et désolé, où flotte l'incompromission et la rancœur (les "Arme Schweine" scandés de 'Frei zu atmen' donnent le ton). Assisté parfois de chœurs  puissants, le frontman nous livre une vision crépusculaire terrifiante car ô combien terre-à-terre, bien plus efficace que le charabia satanique avec lequel on nous a rabattu les oreilles pendant 20 ans.

  Au final, depuis le temps que les styles jugés comme extrêmes se côtoient il était tout naturel de voir émerger ce genre de production au mitan de bien des horizons. Le fait qu'un groupe allemand amène le savoir-faire (anti)national est par contre une réelle bonne surprise. Un album comme disent les collègues de Thrasho et Métalorgie "solide", c'est-à-dire qu'il ne marquera pas une génération de fans en délire mais suffisamment peaufiné et radical pour qu'on s'y retrouve.



Recommandé :
- 'Aufregen'
- 'Nicht besser. Neuer'
- 'Wir kommen in Frieden'

samedi 27 juillet 2013

FICKT EUCH ALLE - NAPOLEON DYNAMITE

(2012)


  Écouter de la musique comme on en écoute jamais, s'ouvrir à d'autres styles et courants, c'est bien. Mais parfois au milieu de la playlist on se rend compte qu'on a mis un truc complétement roots , nous ramenant à nos antiques démons et élans adolescents. Voire aux trucs qu'on écoutait en rigolant genre Gronibard, ou des ovnis germaniques douteux pompés sur Kazaa. Et on se prend une bonne grosse baffe dans la gueule, comme à l'époque. "Allez tous vous faire foutre" par Napoleon Dynamite - ce nom sérieux... - c'est exactement ce genre de skeud.

  Au niveau du son je serais concis : c'est brutal, putain de brutal. Une primitivité et une agressivité rares dans le punk grand public mais qui fait du bien de temps à autre, à l'image d'un WTZ de derrière les fagots. Après évidemment c'est pas du Mozart mais c'est jouissif tellement c'est con et de mauvais goût. Les morceaux d'une technicité passable -un ou deux solis sympas se cachent dans la galette- sont agréablement entrecoupés de laïus tirés de différents films comme le fameux Chaostage ou de  reportages RTL (l'équivalent des reportages de merde M6-TF1-W9-TMC). Histoire de faire un peu de calme entre des tempêtes sonores d'une minute.

  Les textes sont débités à la vitesse lumière et on nage en plein réglage de comptes. Tout le monde en prend pour sa gueule et les petits connards de punkers du dimanche de la hype les premiers. Allez vous acheter le dernier Rohff (ou Azad pour rester "auf der Strasse") au lieu de faire les malins, vous valez pas mieux que les weshs weshs blancs. Le reste des hypocrites et des crétins évoluant au sein des scènes alterno, ou dans le monde réel sont également concernés. Il n'y avait que des Allemands pour pondre un truc aussi... radical.


  Au final, comme disent les Parisiens, un album bien barré, un des pires ou des mieux de l'année 2012, c'est selon. Aussi marrant que de mettre en commentaire 'va niquer ta mère' sans plus d'argumentation sous une vidéo patriotique ou muzzi-muzzi. Fickt euch alle.




Recommandé plus particulièrement au milieu de l'anarchie globale :
- 'Ich mach das nur fuers Geld', aka Black Flag va te rhabiller
-'Je dicker der Tunnel' aka straight edge va te pendre
-'Sarah red nicht mit den bullen' aka fuck "fuck da police".
-'Musik von Gewinnern fuer Verlierer' aka VOUS êtes les losers
-'Der letzte Mensch' aka je kiffe être un chômeur de trente ans vivant chez mémé.
-'Halt dein Maul' aka va te faire enculer antifa, sale coco refoulé de merde (pas moi qui le dis)
-'Irgendwas is immer' aka tu parles trop connasse (je le dis pas non plus mais je le pense souvent)

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