(2020)
Parlons peu, parlons bien. 10 min 40 pour un EP de 5 pistes et un intermède plein de bons sentiments et d'accords soyeux. Ça suffit, pas besoin de plus, parfois il faut aller droit au but.
On commence directement par un titre au raffinement tout relatif mais tellement efficace. 'Ich muss kacken' vous remet droit dans la tête ce qui a fait les scènes de la Bundesrepublik du mitan des années 80 : l'incompromission, l'instinct et la puissance agressive qui avaient fait briller les formations désormais légendaires (Chaos Z, Hass, Toxoplasma, Boskops, vous connaissez la litanie à présent) avec ce son de guitare grave et éthéré à la fois qui prend aux tripes à coup sûr.
Mais loin de trouver un groupe copie-carbone des grands anciens, on peut déceler ici de nombreuses influences venant enrichir les compositions, tout en puisant essentiellement dans le terreau sous-culturel allemand, exposant un savoir-faire certain et une maîtrise des classiques et des codes. En témoigne la reprise magnifiée et terriblement efficace de Telekoma, autre groupe poursuivant dans la lignée 80er sans pourtant être issu de cette période temporelle. Si les rythmes de batterie et la basse sont bien dans l'orthodoxie, il en va tout autrement pour les guitares. Englobantes, stridentes par moment, urgentes, planantes le travail d'ambiance est assez fou, les différentes couches et sous-couches amenant la véritable plus-value. On en voudrait plus tout simplement.
Pour le chant on se retrouvera par contre avec des voix gutturales plus proches des formations Oi! voire streetpunk bas-du-front, à l'image de Loikamie, Krawallbrüder ou Berliner Weisse (vous connaissez aussi la litanie), influences dont la formation ne semble pas rougir sans pour autant trop les mettre en avant. Si sur le papier le mélange semble indigeste, ici cela passe tout naturellement et ce décalage confère une identité, une couleur intéressante, démarquant les pistes du flot commun. Le grain bileux, rauque, les chœurs, toutes les ficelles sont bien exploitées et pour peu que cela vous parle, l'ambiance poisseuse, transpirante et ouvrière n'en sera que plus efficace.
Fidélité à une façon de faire, mais aussi une façon de penser la musique a minima, ou même la vie au plus large. Bien que relativement apolitique, le propos n'en reste pas moins punk, somme toute énervé et rentre-dedans, flirtant avec la proll Oi des plus crades. La vie est de la merde, les autres font chier, alors autant se saouler jusqu'à en vomir. La bière est votre amie pour oublier ce monde de merde en somme. Un propos qui ne prend aucun gant, discutable bien sûr, pas constructif évidemment, mais jouissif par moment ! Une approche très allemande, très deutschpunk de cité, exprimée à merveille sur cette pochette et ce jusque dans le détail du logo UFTA (les vrais savent). Mais justement c'est ça, qui fait tout l'intérêt du truc !
Au final, une grosse, grosse claque dans la gueule, histoire de commencer 2021 avec au moins quelque chose de bon dans les esgourdes. Bref, la formation de Dresde est à suivre !
https://sperrmuellheinzelmaennchen.bandcamp.com/releases
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