(2015)
Vous connaissez Montreal ? Un groupe de power-pop, pop-punk, ramonescore à tendance post-blink. Super groupe, je vous le recommande vraiment, surtout si vous commencez à être un peu blasé du fatras dégueulasse anarcho-crust. Je sais pas pour vous mais moi mon immersion dans le punk rock au début était à mille lieues des pochettes en noir et blanc avec des photos d'enfants carbonisés au Vietnam ou des aiguilles d"héroïnomanes survivant dans un squatt autonome. Tout ça c'était pour les intégristes et les dépressifs de merde trop à fond dans une anarchie mortifère. Alors oui c'est sûr le monde est moche et injuste et ça fait parfois du bien les disques immondes mais dans le fond ? Viens forcément le moment où la boucle est bouclée et où se retrouve bien las de toute cette merde de rebelles provinciaux. A l'image des super-héros un brin au bout de leur peine sur la pochette, ces héros de province pour le coup certes déguisés plus comme Batman ou Nova que comme de simples crêteux gauchos à la con (où est la différence au final ?), vous en aurez marre et vous retournerez là où pour vous tout a peut-être commencé. Non pas le bar, vers le son honni par les trve punkers jusqu'au-boutistes qui ont bien vite oublié qu'au début punk et pop étaient frères.
Ah oui, je parlais de Montreal en guise d'intro et vous lisez un "article" sur die BlumentoPferde. Pourquoi ai-je pris donc ce chemin tortueux ? Hé bien parce que Montreal est le groupe qui m'a lentement remis dans le droit chemin malgré les tentations extrémistes, et que die BlumentoPferde n'ont fait qu'enfoncer le clou. Née en 2002, la formation transpire encore aujourd'hui la période bénie de la fin des 90s-tout début des 00s où le punk à roulette californien et ses équivalents d'Outre-Rhin étaient à leur zénith. Instinctif et léger, leur son empreint tant des Ramones originaux que des Ärzte (dont vous trouverez carrément des extraits à chaque tiers de l'album !), n'en oublie pas d'être porteur de mélodies travaillées et de variations d'ambiance bien vues. A mi-chemin entre insouciance et douce mélancolie, se dégagent pour les connaisseurs différents parfums qui vous rappelleront à n'en pas douter vos années acnéiques. Dès l'introduction, 'Nichts verpassen', tout est posé de façon magistrale : refrains accrocheurs, chorus cataclysmiques, breaks bien tournés, solis jamais superflus, le cahier des charges est dûment rempli sur près de 15 pistes. Jadis Nevermind et plus récemment Kotzreiz avec le désormais reconnu 'Punk bleibt Punk' avaient opté pour une voie similaire, même si ici le côté bubble gum est nettement plus marqué.
Tout comme leurs inspirateurs, outre une musique accessible et immédiate, l'ingrédient bonus miraculeux ce sont encore une fois les paroles. Ici ce sont les histoires de cœur et autres relations entre homo sapiens qui occupent le gros des sujets traités, avec un chant certes basique mais rudement efficace. Justes et jamais injustes, sensibles, porteuses d'une certaine réflexion sur la vie, les paroles n'en oublient pas d'être touchantes ('Noch niemals' vous mettra sans doute la larme à l’œil si vous êtes germanophone) et parfois simplement drôles. Ainsi 'Und manchmal Manowar' est une très bonne analyse de certaines relations asymétriques que l'on a tous eu l'occasion de croiser et les interjections diverses sur 'Für dich (Bimm bimm)' font mouche avec le reste du texte nettement plus sérieux. Un autre trait particulièrement agréable est que l'ensemble même si hautement critique - ça reste du punk quand même !- est largement sous-tendu par un propos positif, chose qui manque à l'abîme des groupes de vilains pas beaux de l'Anarchie de la mort qui tue.
Au final, une des très bonnes surprises de l'année. Tout simplement. A l'heure où l'on sort des simulateurs de MSN, un excellent moyen musical de bondir de 10 ans dans le passé. Mais sans nostalgie béate, oh non !
Recommandé, globalement tout mais plus particulièrement :
- 'Nichts verpassen'
- 'Und manchmal Manowar'
- 'Auf vynil'
- 'Für dich (Bimm bimm)' et son xylo de Netto 3000
- 'Noch niemals'
- 'Alles muss raus'
- 'Im Nacken', une des plus tristes du lot
Note : la chro qui m'a convaincu de jeter une oreille à cette galette (VA).
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