(2020)
Tiens, tiens, wer ist wieder da ? Et oui, Richter qui sort de sa grotte en préfa, tel un chroniqueur de black metal melo en pleine insécurité sans chaîne Youtube (ni jean sur la tête). C'était une aprem crasseuse comme tant d'autres, dans mon autre vie, celle où j'étais occupé et où je n'avais pas le temps d'alimenter ce blog miteux, je m'en souviens bien. Bien calé le cul sur les strapontins de la RATP qui ont vu des millions de culs avant le mien, le nez dans mon smartphone capitaliste déjà trop vieux, entouré de personnes à fond dans les cultures urbaines, street, chiques et décalées, ultra-globalisées et de quelques poivreaux, c'est là que s'afficha la nouvelle. Kotzreiz revient ! Mon visage blâfard s'anima alors d'un vieux feu, celui d'un autre lieu, d'un autre temps et me renvinrent en tête par rafale les images du passé. Alors les têtes pleines d'eau de la ligne 10 s'écartèrent de moi et me laissèrent passer lors de la descente, comme on laisse passer un fantôme.Car là c'était du sérieux, on parle de Kotzreiz, pas n'importe quel groupe avec pas n'importe quelle ascendance dans la punkerei d'Outre-Rhin ! A l'image d'un autre groupe de province, Kotzreiz est né il y a une bonne treizaine d'années de la collaboration en projet parrallèle de Kotze -Vomi, la classe, ça c'est punk comme pseudo dis donc- guitariste de 200 Sachen, formation de pop à tendance vaguement punkisante fort sympathique menée par la pétillante et sémillante Kata Stroffe que j'avais vraiment kiffé en 2006 (urghhh putain...) et du batteur Reiz officiant, lui, avec l'autre groupe à chanteuse germanophone à jamais dans mon coeur, Jennifer Rostock. Du bon pédigré donc, mais qui en avait peut-être sa claque de faire office de PNJ derrière ces deux écrasantes personnalités vocales, de la subtilité et des sentiments sur riffs ultra-efficaces dans cet entre-deux éternel entre punk et pop. On comprendra leur envie de bruitisme primaire et acide dans leurs à-côtés du dimanche. Affublés d'un copain bassiste, ils sortirent en 2010 leur premier brûlot destructeur à la formule ramones dopé au vieux deutschpunk bien rentre-dedans, 'Du machst die Stadt kaputt'. Succès immédiat dans le petit milieu des rédacteurs de fanzine berlinois en manque de trve, mais à mon sens c'est vraiment leur second opus 'Punk bleibt Punk' qui a sauvé le deutschpunk de la stagnation, qui finit malheureusement tout de même par arriver courant 2016. PbP c'était la claque que tout le monde méritait, parfaitement raw et aigri, quasi-indépassable ! Difficile de succéder à ce chef d’œuvre galactique donc. Le trio sans doute happé ailleurs a donc pris son temps (huit putain d'années) avant d'oser montrer leur bout de leur nez.
Kotzreiz ayant laissé la scène récente aux Alarmasignal, Pascow et autres Missstand se permet le luxe de faire évoluer leur son durant le silence médiatique, se démarquant de ces derniers et du reste des formations plus jeunes et obscures en s'assagissant. D'emblée le constat est là : un air de Clash flotte désormais sur l'ensemble de la galette, influence assumée et recherchée, en quelque sorte l'un des débouchés naturels de l'évolution d'un groupe de punk en mal de renouvellement. Là où on pouvait craindre au vu du morceau éponyme un soufflet dégonflé, comme les Clash, il n'en est rien et les petits ajouts résolument rocks amènent une fraîcheur relative. La composition tend à se faire moins minimaliste, ajoutant des soli bluesys vraiment sympas, parfois des essais plus expérimentaux (l'électropunk de dance-floor à nouveau sur 'Toilettenstern' et 'Der räudige Aal' ou le double rythme sur la fin d' 'Ich bin ein Wrack') mais les fondamentaux sont toujours présents et l’exécution est d'une maîtrise totale tant au niveau du flow que des instrus au millimètre et difficilement criticables. Une sérieuse impression de deux temps d'écriture se dégage de l'ensemble tant une moitié de morceaux est dans la lignée droite de PbP ('Wer ist wieder da', 'Eiskalten Ohren', 'Ich bin ein Wrack','Ratten im System' datant lui de 2015, avec son inquiétante ambiance de décrépitude pré-apocalyptique) alors que les autres qu'on imagine plus tardifs sont dans cette optique de relative ouverture. L'aspect compilation de deux EPs a un rendu inégal mais on passera car en soit les morceaux sont bien pensés, à l'exception du très dispensable 'Sambuca Beach' et de son riff surf totalement cliché.
Au niveau du chant, là aussi on s'assagit même si ça gueule toujours bien, surtout sur 'Ratten'. Plus mélodique et parfois un poil mélancolique, le chant se fait moins abrasif dans l'ensemble. On notera la présence de deux guests féminines amenant de la variété (comme quoi, on retourne toujours aux bases hein) et que je n'ai malheureusement pas pu identifier. Même si au timbre la voix de 'Der räudige Aal' fait furieusement penser à celle Kata Stroffe. Les paroles s'éloignent quelque peu des incisions à vif des opus précédents et un certain recul mélancolique sur le monde, la vie, les amis et les amours poind. Kotzreiz clamaient qu'ils ne chantaient pas sur ces thèmes, c'est bien fini ! Les réflexions alcoolo-philosophiques ont donné leur noms à l'album mais à mon sens c'est bien l'amour qui transpire de la majorité des morceaux, à côté ou parfois mélangés à un aspect plus sociétal. Amour pour la scène, toujours, pour les autres, parfois, amour dans les chiottes avec un(e) inconnu(e), pourquoi pas. Le point culminant de la galette étant le magnifiquement émotionnel 'Punkboys don't cry' tout en nuances. Ok, cela ne vaut pas pour 'Eiskalte Ohren' dont le message d'un engagement rare peut se résumer à "On se les pêle bordel !". Goethe n'a qu'a bien se tenir.
Au final, huit ans c'est long et le monde a eu le temps de changer largement, Kotzreiz compris. Loin de sortir une galette impérissable comme la précédente, le trio berlinois signe tout de même un album de très bonne facture qui a tourné plusieurs mois dans mes playlists personnelles. Malgré une fin très abrupte, totalement recommandé !
https://kotzreiz.bandcamp.com/
為了森林裡最美麗的花,我真的愛你.
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